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29 juillet 2011

L'industrie lourde du Web

Commis par La Fille

Cette semaine, avec La Fille et ses chroniques "Le Web et l'art", on découvre Young-Hae Chang Heavy Industries:



Qui c'est, ça, Young-Hae Chang Heavy Industries (Y.H.C.H.I)? Ce sont des vieux de la vieille du très fascinant monde des Internets.

Voyez-vous, plus je m'enfonce dans ma découverte des arts hypermédiatiques, plus je constate combien ceux-ci ne sont connus que d'un club très restreint. J'ai soif de vous les faire découvrir, de vous les faire expérimenter, de vous les faire aimer. Bon, certes, je m'emporte un peu, mais il demeure que j'aimerais bien démystifier, lentement mais sûrement, le cyber art.

C'est pas compliqué : dans la vie, certains artistes ont vu dans le nouvel espace virtuel qui se développait devant eux d'immenses possibilités de renouveau en art, tant au niveau institutionnel que formel ou personnel.

Ils ont fait du Web leur terrain de jeu.

Et parmi ceux-ci, un collectif que je chéris pour leur irrévérence: Y.H.C.H.I.

Toutes les œuvres de Y.H.C.H.I se présentent sous le même format : du texte animé en flash, accompagné d'un morceau de musique Jazz. C'est un flux incessant de texte, dont les mots et les phrases défilent à vitesse irrégulière (un mot apparaît seul à l'écran, une phrase s'attarde, une autre défile très rapidement, etc.).

Ce refus de toute forme d'interactivité, qui détonne l'ère du 2.0 (mais qui rafraîchit, selon moi!), est totalement assumé par le duo d'artistes (Marc Voge et Young-Hae Chang) composant le collectif :

"Our Web art tries to express the essence of the Internet: information and disinformation. Strip away the interactivity, the graphics, the design, the photos, the illustrations, the banners, the colors, the fonts and the the rest, and what's left? The text." [1]

L'effet de ce texte défilant sans fioriture (et sans répit!) devant nous, - presque - contraints par notre inaction, est extrêmement saisissant. Si la seule interactivité permise est celle de fermer la page, les œuvres de Y.H.C.H.I sont tout sauf passives.

On devient hypnotisé par le texte en noir et blanc, parfois ponctué de d'éléments en rouge (rappelant d'ailleurs l'esthétique du langage de propagande ainsi que le langage publicitaire - aussi aliénant l'un que l'autre, me direz-vous). Il faut d'ailleurs plus d'une écoute pour saisir le texte dans son ensemble puisque certains segments défilent si vite qu'ils sont illisibles.

Bien que je trouve l'esthétique de leurs œuvres captivante, elle peut toutefois décourager : l'effet stroboscopique qui s'ensuit est, je l'avoue, étourdissant.

Mais assez blablassé. Y.H.C.H.I n'est pas fait pour être étudié sous toutes ses coutures, mais plutôt pour être vécu.

Parmi leur répertoire, j'affectionne particulièrement deux œuvres pour leur ironie, leur irrévérence et leur "je-frappe-là-où-ça-fait-mal":


1- Artist's Statement No. 45,730,944: The Perfect Web Site (dont voici un petit extrait, pour vous convaincre et vous aider à entre dans l'oeuvre)

Young-Hae Chang Heavy Industries presents / Artist's statement / no. 45,730,944: / The Perfect / Artistic / Web Site / I've been thinking / about it now / for at least the last / few minutes: / the newest multimedium: / the Web. / The biggest art space: / the Web. / The greatest chance / to say something / or to make something / dumb. / Or, better, yet, / boring. / Breath-takingly boring. / Deathly boring: / art. / Yes, upload for a long time, / for a long time, / for the time it takes / to watch day / turn into night / a fat, juicy / file of Web art. / Waiting for reply... / still waiting... / and while waiting, / isn't this the perfect moment / to reflect on / life / and death / and even more important things, like / could I be doing / something else besides this? / Like saving my soul? / Or saving someone else's? / Or giving someone hell? / Or reading a good book? / Or watching TV? / Or should I stand back / and think about / the metaWeb, / or the postWeb, / or the Web metaphysics such as: / will the World Wide Web / just go away? / Or is it really even there? / And if it is / where is "there"? / And do I want to get there? / And is the Web, / which is cyberspace, / like heaven, / one big spy satellite above our heads, / looking down on us / and taking care of us, / or making me have to think / about how I look, / just in case / it's looking at me / and I don't look / so good?

2- Cunnilingus in North Korea (avec un titre comme ça, nul besoin de vous convaincre d'aller voir l'oeuvre, right?)

Notez que les oeuvres sont disponible en de nombreuses langues, dont l'anglais, le français, le coréen, l'espagnol, l'allemand... pas mal, non?

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