Commis par La Fille
Qu'est-ce que j'aime encore plus que la musique pop et les hommes musclés?
Qu'on rende honneur à la femme dans toute sa gloire.
Mardi dernier, c'était mon jour de chance. J'étais dans un bar où la musique était bonne et où les hommes étaient beaux. Mais le plus incroyablement magnifique, c'est que ces hommes plus sexy les uns que les autres s'avéraient être en train de nous présenter leur dernier bijou: un nouveau magazine érotique.
Perle magazine.
Tout y était: bonne musique, bels hommes, belles femmes.
On pourrait se dire que quiconque lance un magazine papier de nos jours a un grain au cerveau ou vit vraiment sur une autre planète. Ne nous le cachons pas, la presse papier a bien mauvaise presse.
Mais le livre, le papier, se réinvente là où le virtuel s'arrête, c'est-à-dire dans la profonde matérialité. Dans le plaisir du toucher.
Car c'est à mon sens le premier atout de ce nouveau magazine. L'objet lui-même donne envie. Un grand format laissant toute la place aux demoiselles et à leurs jambes, une mise en page sobre, un papier qui sent bon le papier. À la lecture de Perle, tous nos sens sont à l'éveil, parés à découvrir ces femmes, rondes, pleines, vraies, que Perle a photographié.
La forme au service du contenu, comme il se doit.
Mais je ne suis pas une fille facile. Oh non. Pour qui me prenez-vous. Je n'ai pas été séduite immédiatement. Je n'ai d'abord pas compris que l'édition ait préféré un papier mat à un papier glacé. Dans le noir, on n'y voit rien. Je criais au scandale: on masquait la splendeur des femmes.
Et alors, j'ai vécu la révélation, je me suis dit: Ces femmes, elles ne veulent pas être regardées dans le noir. Elles veulent exploser dans la lumière.
Et puis... le papier glacé n'a pas d'odeur. J'ai été totalement charmée par l'odeur cartonnée du papier et l'odeur franche de l'encre nouvelle, comme si je me plongeais dans un roman avec lequel j'allais établir une relation intime et secrète, le temps de la lecture.
Et dire que le papier glacé m'aurait fait manquer tout ça... À partir de là, impossible de lui résister. Je suivrais Perle jusqu'au plus creux des abysses du vice.
En plus, ce papier mat confère à la revue une esthétique vieillotte, rappelant l'imaginaire de Gilles Carle par les teintes d'ocre et de brun, ou l'imaginaire de Ryan McGinley, le photographe - entre autres choses - de l'ingénieuse campagne Go Forth (et on pense également Terry Richardson. Oui oui, le gars d'American Apparel).
Nelson Roberge ne voulait pas faire un magazine quétaine. Il a bien raison. Il existe un créneau, au Québec, pour un objet comme Perle. Le monde du magazine érotique me désole: trop thacky ou alors carrément glauque.
Cela dit, le magazine s'adresse à un public restreint. Très restreint. Il se tourne vers les esthètes de l'érotisme, ceux qui désirent allier intelligence et jouissance. C'est léché, c'est vintage, c'est hipster (n'ayons pas peur des mots, même si certains sont éculés). Comme le souligne justement Aurélie Lanctôt, d'Urbania, «le magazine aurait pu s’employer à conquérir n’importe quel autre type de lectorat et prétendre au même résultat. Il aurait pu s’agir d’une « relique érotique » imprimée sur du parchemin en typographie Gothic Bold pour séduire les adeptes de Médiéval, ou alors d’un journal de bord pornographique rédigé en Klingon pour les fans de Star Trek, peu importe!»
Mais si vous êtes de ce public, succombez, de grâce. Parce que, quoi qu'on dise, ce que Nelson Roberge et ses acolytes ont à cœur avant tout, c'est l'amour des femmes. Et ça, ça me plaît.
«Les femmes sont belles, elles sont coquines, chacune à leur façon. Elles méritent toute l'attention possible.» (Roberge, Édito).
Amen.
Perle nous le rend bien.
Et le plus gros cliché des magazine de fesses se confirme: Je lirai Perle pour ses articles. Les rédacteurs sont allumés (et allumants). Je m'en voudrais de passer sous silence l'excellent article de Francis Ouellette, sur les délices de la fessée. M'étonnerait pas que y'en ai une gang qui se ballade les fesses tendues dans les rues de Montréal, ces prochains jours, espérant la fessée...
Vivement le prochain numéro, que l'on espère pour décembre. Ça nous réchaufferait, n'empêche...
Lire Perle, c'est comme si le magasine nous chuchotait dans le creux de la nuque «Je t'en prie ne sois pas farouche quand me vient l'eau à la bouche». D'accord, Perle. Tout pour toi.
Détails en vrac:
- Thème du premier numéro: Les premières fois
- 4 numéros par années
- Éditeur: Nelson Roberge
- Directeur photo: Jimmy Francoeur
- Direction artistique: DeuxHuitHuit
- Contact: info@perlemag.com