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24 décembre 2010

Vigilance à la veille de Noël

Pour nombre de vous, j'en suis certaine, cette semaine fut pleine d'allégresse, de rencontres et de boisson. Vous avez terminé vos sessions, remis vos travaux, ou sinon couru les 5 à 7 en attendant les vacances (qui sont désormais à votre porte, puisque nous sommes le 24, et que 17h approche). Mais... à bien y penser, vu les épidémies qui courent et vu le stress de fin de session/fin d'échéances au bureau, vous avez sûrement été plus à boire du sirop contre la toux que de la bière au lait de poule. Comme votre humble chroniqueuse ici présente. Alors pour vous, compatriotes morveux, j'ai décidé de faire une chronique à la fois ludique et instructive. Car soyons francs: il est toujours le temps de s'instruire et de réfléchir.



Grâce à des collègues (et ayant vu toutes les traductions de films de Noël passant à la télé), je me suis mise à la découverte de jeux vidéos bien particuliers. Voyez-vous, je suis une nullité en matière de jeu vidéo. Imaginez le pire joueur du monde, triplez cette maladresse et vous vous approchez à peu près de mon calibre. Or, j'ai trouvé chaussure à mon pied: les jeux vidéos réflexifs, ceux qui font plus que vous faire jouer (et dans lesquels votre performance n'est pas l'élément plus important. Hourra.) Jeux en bonne et due forme, en ligne pour la plupart, ils proposent une réflexion au-delà du jeu. En fait, sans ce deuxième degré, ils seraient rapidement ennuyants. Pour aujourd'hui, j'en choisis deux: Vigilance 1.0 et One Chance.





Créé par Martin Le Chevalier, Vigilance 1.0 doit être téléchargé. Une fois entré dans le jeu, le seul but du joueur: la délation. Placé devant 16 écrans de surveillance reproduisant une vue à vol d'oiseau d'une ville quelconque, il doit repérer le plus de délits possibles commis par les citoyens. Les points obtenus varient selon la force du méfait dénoncé: Itinérance (+1); Possession de drogues (+1); Ébriété sur la voie publique (+2); Harcèlement (+5); Vol de sac a main (+10); etc. S'il dénonce injustement, il perd un point pour diffamation.



Bien vite, le joueur se rend compte que le jeu est sans fin, que les points s'accumulent à l'infini. La vigilance ne sert que la vigilance. Des codes du jeu vidéo, Vigilance 1.0 ne retient que le score cumulatif, l'esthétique des personnages et une (mince) interactivité. Le reste s'apparente davantage à la critique d'un univers à la «Big Brother», dans une remise en question des sociétés de visibilité et de contrôle totaux.



Dans la même veine vient One Chance, disponible en ligne, ce coup-ci. Création de Awkward Silence Games, ce jeu annonce au joueur que dans six jours, toutes les cellules vivantes de la planète seront morte puisque le remède qu'il a découvert contre le cancer s'est avéré mortel. Il a une chance (de trouver le remède, de sauver sa famille, de sauver le monde, de sauver sa propre vie). Le déroulement du jeu se fait à travers une série de choix: aller au travail ou demeurer auprès de sa famille; persévérer dans la recherche du remède ou s'envoyer en l'air avec une collègue pour oublier ses tracas? Les graphiques sont simplistes, presque enfantins, les contrôles se réduisent aux flèches du clavier. Là où One Chance gagne tout son intérêt, c'est qu'il ne nous offre réellement qu'une seule chance: le jeu reconnaît l'adresse IP de l'internaute. On a beau recharger sa page, quitter la fenêtre et en réouvrir une nouvelle, l'URL nous ramène à la fin du jeu atteinte lors de la partie initiale. (Entre vous et moi, il suffit de vider sa mémoire cache, mais c'est l'intention qui compte, hein, comme on dit?)



Cette unique chance est donc comprise à la fois dans la diégèse du jeu et l'expérience qu'en a le joueur. Chacune de ces expériences est unique. Et ne pourra être «effacée». En plus, les multiples options offertes au joueur ouvrent des possibles narratifs qui influeront directement sur la finale du jeu. Le jeu rappelle d'ailleurs l'oeuvre Web de Paolo Pedercini, Every day the same dream.



Et vous: trouverez-vous le remède? Sauverez-vous le monde? Ou seulement vous-mêmes, condamné à errer, seul, dans un parc triste.



Voilà... mais que faites vous encore à lire! C'est le 24 décembre, non d'un atoka. Allez, courrez vous mettre la face dans les bons petits plats de maman, ou faites une crise de nerfs parce que rien n'est prêt et que les invités arrivent dans x-minutes. Moi, je retourne dénoncer des citoyens pixelisés pour ensuite essayer de sauver une humanité en deux dimensions et mal dessinée. Pas question que j'arrête. Je performe comme jamais, à ces jeux-là.


Psssssst: Pour ceux qui n'ont toujours rien à faire, je vous invite à aller briser à répétition le mariage de Trip et Grace avec le bon vieux jeu Façade. Un classique indétrônable. Et pour bien vous mettre l'eau à la bouche, un court trailer du jeu:




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