Photographes : S’effacer comme Francesca.
Le week-end fut occupé par un tournage à Peterborough, Ontario, d’où certaines bonnes images de votre humble serviteur sont sorties. Je n’ai pas encore accès aux films, mais la semaine prochaine sonnera le retour de la série «Exploration Urbaine».
En attendant, cette semaine, retournons au plus intimiste avec Francesca Woodman, photographe américaine des années 70. Essentiellement, Woodman s’est photographiée elle-même, ainsi que des modèles, afin de briser les traditions du nu, les traditions du portrait. Le mouvement est central aux photos de Woodman qui se sert de la vitesse d’exposition pour créer une panoplie d’effets de flous, de diagonales et de textures.
Pour avoir essayé ces effets encore et encore (et encore), sans réussir, je considère que la précision mathématique de Woodman révèle du virtuose... ou alors, c'est que je n’ai rien compris du fonctionnement de l’appareil photographique! Notons que la mise en scène des photos est d’Imogen Cunningham, autre photographe à laquelle il manque malheureusement un réel site Internet public et complet (comme l'est celui de Rodney Smith, par exemple).
Les textures ardues et violentes, multipliées par des effets de miroir et de vitre, se marient à l’érotisme de Woodman. Il s'ensuit un corps humain malade, fragile, douloureux, qui nous ramène constamment à son inévitable réalité physique: certes, le corps y est beau et doux, mais il nous échappe, il finit couvert et caché, que ce soit dans le flou photographique, par des objets insolites ou dans l’élan d’un mouvement.
Les émotions de Francesca Woodman sont iconoclastes, surtout à une époque où la photographie se multiplie tous les jours et où l’idée de se montrer heureux, bien dans sa peau, est presque devenue un gage de réussite sociale. Mensonge général auquel nous sommes forcés de participer? Toujours est-il que le visage flou de Francesca Woodman nous rappelle que nous avons le droit de nous voir autrement.
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