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24 janvier 2011

Les Grands Auteurs #1


Les Grands Auteurs #1: Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Aleksandr Sokourov.



Dans le cercle des réalisateurs réputés, Aleksandr Sokourov est le dernier cinéaste russe considéré pleinement comme ‘d’art et d'essai’. Pour une culture qui a vu naître Vertov, Tarkovski, Parajanov, Shepitko et Kalatozov, c’est une responsabilité lourde à porter. Né à l’époque soviétique, Sokourov est aussi le représentant d’une génération qui aura vu et le communisme, et le passage difficile au monde plus capitaliste. Cette situation est particulière, surtout dans l’industrie du cinéma, et les résultats sont tout aussi particuliers. Je propose aujourd'hui de repasser sur certains grands titres de la filmographie de Sokourov.

Film 1: L’Arche Russe
L’intérêt pour l’Arche Russe à été énorme. Il s’agit du premier long métrage fait en une prise, donc d’un long plan séquence. Filmé dans l’Érmitage de St-Petesbourg, le spectateur traverse différente époques de la culture russe et, pourtant, le film ne se veut pas purement intellectuel. Le plan séquence est tellement organique que l'on en vient à s’identifier au voyage, à l’émotion du guide et à cet hommage aux slaves du passé. Aleksandr Sokourov construit une mythologie grandiose à partir d'une humanité très simple, racontant l'histoire d'une aristocratie morte sans avoir pu léguer un héritage profond.


Film 2: Élégie de Moscou.

Le film qui retrace la vie de l’ami et maître de Sokourov, Andreï Tarkovski. Tarkovski étant le réalisateur préféré de nombreux étudiants, je trouve cela étrange que le film ne soit pas plus connu. C’est d’une beauté incroyable que de voir un tel artiste au travail, et, comme Bresson, Tarkovski aurait été un excellent professeur de cinéma. Véritable leçon de cinéma et d’humanité, Élégie de Moscou est une de ces oeuvres qui nous rappelle la raison pour laquelle nous faisons du cinéma. Modeste, simple et poétique, le film est à l’image de son sujet.


Film 3: Père et Fils

On aura souvent dit que Sokourov est l’héritier de Tarkovski. Je considère qu’il est aussi celui de Kieslowski (pas mal comme CV). L’image jaunâtre et déformée de Père et Fils est d’une grande similitude avec les films du Décalogue et La Double Vie de Véronique. C'est encore un élan de poésie, avec une tendresse alarmante, voir exubérante entre un père et un fils qui ne savent pas se séparer. C’est le premier film du cinéaste que je vois qui n’a pas un contexte historique particulier : les guerres, les dictateurs, l’histoire de l’art sont souvent présents dans l’oeuvre de l’auteur russe, mais pas ici. L’intimité de Père et Fils à été vue comme homoérotique, ce qui a énervé Sokourov, qui aurait rétorqué que c’était l’opinion des esprits pervers occidentaux.

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