Nous y revoilà. Reprenons où nous avions laissé la semaine dernière: le Neen Art. Vous savez désormais quand il est né, d'où il vient et à qui il doit son nom particulier (nom qu'il faut d'ailleurs toujours répéter ou alors épeler lorsque communiqué à des néophytes).
(Je digresse le temps d'une petite parenthèse anecdotique concernant ce grand méchant loup londonien d'adoption, guru et guide psychique des Neenstars: notre cher Miltos Manetas. Coup de théâtre sur le Web (coup de Web?), le site de Manetas auquel je vous référais vendredi passé a déjà changé de tête. Une surprise n'attend pas l'autre dans le merveilleux monde éphémère de la toile. C'est à force de recherches Google et de tripatouillages dans l'URL qu'on retrouve sans trop de mal les oeuvres auparavant clairement répertoriées sur la page d'accueil.)
Si vous aviez l'oeil critique lors de votre lecture de ma dernière chronique, vous vous êtes probablement demandé pourquoi j'annonçais et définissais le terme Telic (définit comme quelque chose dirigé ou tendant vers un but, une destination) pour aussitôt le laisser tomber. Voyez-vous, mes kiwis, j'avais crainte de vous emmêler davantage les pinceaux. Accrochez-vous, ça décoiffe.
Pour Manetas, le Web "is nothing more and nothing less than what the World has always been: unvisited and unfriendly territories that are gradually transformed into a domestic landscape."[1] À l'image du jardin japonais, nous devrions domestiquer notre environnement Web, y classer ce qui y était chaos. Mais, La Fille, il n'est pas toujours aisé de rentrer le chaos et autres trous noirs dans un joli petit jardin japonais, m'objecterez-vous. Bien vu. Mais hourra! Telic est là. Telic est l'esprit qui nous aide à y voir clair, qui nous aide à naviguer entre les URL indomptées. Manetas continue: "Telic is our relationship with the tools that helps us to design the World and to see things in a perspective. It is in mobile phones and computers, but it's even in the way our houses and clothes are made. Our times are Telic." PAMPAMPAAAAAAM
Il fait suivre cette phrase massue d'un exemple pratico-pratique. L'énoncé "Je conduis ma voiture vers Los Angeles" est un énoncé Telic à la différence de l'énoncé "Je conduis ma voiture" qui ne l'est pas. Vous pigez quelque chose? Moi non plus.
Toujours est-il que la mentalité Telic s'oppose, si je puis dire, au courant Neen. Telic "doesn't have a taste; it can be as ugly as an IBM computer, [...] Telic shapes the World." Dans sa propension à classer, trier le Web, Telic détermine la lecture que nous en faisons. Il faut qu'il y ait du sens.
Bien sûr, Manetas crie à l'hérésie. Pourquoi tout devrait-il faire sens? Pourquoi devrions-nous être productifs et domestiqués? Lisant en nos âmes contraintes et contrites, il s'écrit: " You wish for there to be a secret society; some people who know how to give you the feelings directly and who will keep you thinking, even after you quit browsing. You wish there were some websites to offer you the metaphysical suspense of a painting." Et - attention, seconde phrase massue - il conclut: "You wish for Neen."Merci, Miltos. Mille fois merci d'avoir compris nos désirs esthétiques les plus intimes.
And so enters Neen.
Je vous l'accorde, grosse chronique cette semaine. Et toujours pas d'oeuvres, vous entends-je déjà râler. Patience. Ça vient. En attendant, vous avez droit à une performance de Mai Ueda, Neenstar et ex-muse de Manetas. Cette performance n'est pas une oeuvre Neen, forcément (n'étant pas sur le Web, pour le Web, parlant du Web), mais par la simple présence d'Ueda, nous touchons presque à la ligne d'arrivée. (Pour les moins intéressés, cliquez quand même sur play, vous serez charmé par le corps doucement dénudé de Ueda)
1 commentaire:
Encore un coup de théâtre: en date du 24 janvier 2011, Manetas annonce ceci (et seulement ceci) sur son site (www.manetas.com):
Jan 24. 2011
Today is a Monday and a DLD day in Munich, ("Digital Life Design"). I also decide to close Manetas.com
Moving slowly back to analogue now, but you can still find me on facebook.
En jouant dans l'URL, on peut (jusqu'à maintenant) encore accéder à ses oeuvres: http://manetas.com/art/websites/
http://manetas.com/art/
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