Dès qu’une exposition mettant en valeur les archives d'une ville quelconque paraît dans un musée central de métropole, les gens y courent. Après tout, dans la relation amour-haine qu'ils vivent au quotidien avec leur cité, la possibilité d'en voir les jeunes jours est étrangement satisfaisante. À une certaine époque, l’appareil photographique n’était pas tant un objet de luxe que simplement une machine peu productive, et l’archivage était rare.
Ceci me mène au colossal exercice photographique de Sam Javanrouh, né a Téhéran et aujourd’hui Torontois d’honneur. Son blog [daily dose of imagery] est listé sur les sites de photos comme l'un des meilleurs photoblog d'Internet, et est en ligne depuis 2003, sans aucune interruption. Le concept du blog est simple: une photo par jour, par Javanrouh. En général, la photo est prise à Toronto; en général, il s’agit de photographies urbaines; en général, ce sont d’excellentes photos. Mais cela m’a pris du temps pour véritablement apprécier la profondeur du travail de Javanrouh. Je n’y trouvais aucun thème, et les photos me semblaient tomber dans les facilités d'experts à la Flickr. C’est beau, certes. Mais encore? L’encore est dans le temps.
Et on parle de beaucoup de temps, de 8 années d'un Toronto qui a été documenté; bientôt 9, bientôt 15.
Vous vous souvenez? En 2003, Harper n’était qu’une menace, Broken Social Scene sortait You Forget In It People et le SRAS transformait la ville Reine en No Man’s Land. On parle de 8 années d'histoire Internet: en 2003, il n'y n’avait ni Facebook, ni Youtube, ni Flickr (ni la Diagonale). On parle de 8 années de photographie, de l’espèce de fusée explosive que fut la caméra digitale, de son perfectionnement, des nouvelles lentilles, de Photoshop... En 2003, Sam Javanrouh n’était Canadien que depuis 4 ans.
Dans 100 ans, les jeunes qui voudront voir comment Toronto respirait en 2005 n’auront qu’à regarder les grandes lignes bleues et noires du Financial District, les visages seuls et souriants des petits quartiers residentiel, George Clooney et la foule du TIFF. En attendant, nous nous plaisons bien à regarder les croisements de rues enneigées de Toronto, jour après jour, encore et encore, parce que c’est beau.
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