Commis par La Fille
Harper ayant gagné les dernières élections, j'ai pensé: Allez, La Fille, soit bonne joueuse, serre-lui la pince et félicite-le de vive voix pour cette victoire! (Ben quoi...) Ça ferait quand même plus poli. Et lui montrerait ma bonne volonté. Je pourrais lui glisser un petit mot sur un projet pas mal du tout qui s'appelle La Diagonale et qui mérite beaucoup de financement. Hé ho, pas folle, La Fille. Faut savoir aller chercher les contacts adéquats, moi j'dis. (Ce qui sonne étrangement comme Wajdi. Enfin. Passons.)
Alors voilà. Je suis allée à Ottawa. Et avant l'heure du thé au 24 Sussex, j'ai décidé de passer au - assez récent - Musée canadien de la guerre (MCG). Comme ça, que j'me suis dit, j'aurai de quoi causer, avec Stephen. Les tanks, les fusils, la limo d'Hitler, boum boum, pow pow, tactactactac, pffrfffsfpp (bruit d'une explosion, très clairement).
Inauguré en 2005, le MCG est un jeunot dans l'univers muséal du Canada. À côté de lui, le Musée canadien des civilisations et le Musée de la monnaie sont des dinosaures.
Comme la plupart des musées relativement récent, le MCG présente un minimum d'interactivité avec ses visiteurs: toucher des matières de fabrications d'armement, soulever des panneaux pour découvrir la réponse à une question, regarder à travers une réplique de masque à gaz, marcher dans une tranchée, vérifier si l'on a les pieds plats (oui oui).
Touristes dans les tranchées:
Le musée retrace, en quatre sections, l'implications du Canada dans les divers conflits mondiaux. La première retrace les guerres des Premiers Peuples, des Français et des Britanniques; bref du début du pays colonisé jusqu'à 1885. J'ai déploré, dans la section consacrée aux patriotes, de ne pas voir même une minuscule réplique de leur drapeau. Étant donné la vigueur avec laquelle ce drapeau est ramené sur la place publique, même presque deux siècles plus tard, une petite mention aurait été, à mon sens, rigoureuse.
La seconde s'étend de la guerre sud-africaine à la Première Guerre mondiale (donc de 1885 à 1931, environ). La controverse entourant l'implication du Canada dans le conflit sud-africain est bien amenée. Les Canadiens sont loin d'être traités en héros. Tout comme sir Wilfrid Laurier, d'ailleurs.
La troisième salle est bien sûr consacrée à la Seconde Guerre mondiale où, comme le musée le présente "à la lutte du Canada contre les dictatures à l'étranger". Impressionnante, cette section débute par l'exposition de la voiture d'Hitler. Petit vidéo d'un comique qui a cru pertinent de monter à bord. Faut franchement être con parfois.
Même si cette section était pas mal foutue, j'ai déploré le peu de mention à la Shoah ou au Goulag (et même à Hiroshima, maintenant que j'y pense). Un panneau informatif, ici et là. L'information restait centrée autour des combats marins, sous-marins et d'aviation. Je comprends ce choix. J'aurais toutefois aimé en savoir plus sûr les conditions de vie des prisonniers canadiens. Mon coup de coeur: extraits vidéos de vétérans se souvenant de leur retour au pays, quand ils ont vu la terre apparaitre sur le bateau ou quand ils ont serré leur fiancé dans leurs bras. Patriotique à souhait, mais d'une authenticité désarmante. Il a tout fallu pour m'arracher de là.
Finalement la dernière salle se consacre à la Guerre froide, au maintien de la paix et aux récents conflits. J'avoue, j'y suis passée à toute vitesse, épuisée. Le musée est non seulement immense, mais - faut bien le dire - lire des horreurs durant des heures épuise. À la fin, j'en avais marre des statistiques de morts, de disparus. Je ne voulais plus savoir combien de tonnes pèse tel ou tel obus. J'étais un peu étourdie. Surtout que le tout se clôt par une exposition de la Croix Rouge témoignant des 35 ooo personnes disparues au cours des guerres de Yougoslavie. Ça arrache le coeur.
Au bout du trajet, on arrive à la Galerie LeBreton, où se retrouve exposé la collection de matériel militaire du MCG. En gros, la salle n'a rien d'une galerie. Elle est grise et moche (quoi que ceinturée de larges fenêtres) et on s'y promène entre tank, chars d'assault, cantine militaire, avion, jeep, canons, etc. La salle (puisque vaste et éclairée - pensez à la taille de ces trucs...), accueille parfois des évènements mondains. Prendre un verre de vin entre un sous-marin et un char, le rêve de tous, non?
J'ai appuyé sur une chenille de tank. En a résulté des doigts graisseux et une envie soudaine de sortir. J'imaginais toute ces machines en marche... et je n'était pas trop à l'aise.
Et Stephen, dans tout ça? Faut dire que je n'avais plus trop envie de jaser guerre. Je suis tout de même allée jusque chez lui et je lui ai dit: What do you say, Stephen? Let's go across the street, check if the Governor wants to grab a beer with us. We'll talk about tulips. Tulips are nice. Tulips are coloful. We can make ourselves a bed made of tulips and sing Lennon and Yoko songs. Come on. Tulips.
Et là, il m'a répondu: Yeah. Great plan. I love tulips.
Qui s'en serait douté?
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