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13 septembre 2011

Le monde en quelques clichés

Commis par Guillaume

L’exposition World Press Photo 11 bat son plein à Montréal. Jusqu’au 2 octobre, les meilleures photographies journalistiques de 2010 sont exposées au Marché Bonsecours. La fondation du World Press Photo célèbre chaque année le meilleur du photojournalisme grâce à cette exposition itinérante qui s’arrête dans plus d'une centaine de villes à travers le monde. La mission de la fondation se résume en une phrase : « We exist to inspire understanding of the world through quality photojournalism. »

Le portrait d'une jeune femme afghane de 18 ans, Bibi Aisha, a été nommé photo de l'année 2010 par le World Press Photo. Photographie par Jodi Bieber

Ce sont donc plus d’une cinquantaine de photographes qui nous font voir le monde à travers l’œil de leur caméra, de Karachi à Rio de Janeiro, en passant par le Mexique et le Bangladesh. Voici quelques photos ou photoreportages qui ont particulièrement retenu mon attention :

  • Évidemment, on retrouve nombre de clichés sur le tremblement de terre du 12 janvier en Haïti, un des évènements les plus médiatisés de 2010. Plusieurs photos nous transportent à Port-au-Prince quelques instants après les premières secousses, alors que d’autres illustrent plutôt la destruction qui, des jours et des mois après le séisme, afflige toujours le pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental.

  • Un photoreportage de Sarah Elliott nous emmène au Kenya, où plus de 2600 femmes meurent chaque année après avoir subi des avortements illégaux. La photographe réussit à démontrer, sans sensationnalisme, l’horreur vécue par des dizaines de milliers de femmes kenyanes.

  • Les désastres naturels font souvent des centaines de victimes qui sombrent dans l’oubli. Kemal Jufri s’est assuré de documenter l’éruption du volcan Merapi, en Indonésie, qui a transformé plusieurs villages en tombeaux recouverts de cendre.

  • Fernando Moleres a réussi à pénétrer dans une prison de Freetown, au Sierra Leone. Il montre la misère et les mauvais traitements vécus par les jeunes prisonniers, qui n’ont droit à aucune justice.

  • Au Mexique, les violences liées à la guerre que se livrent les cartels de la drogue ont fait plus de 15 000 morts l’an dernier, en particulier à Ciudad Juárez, au nord du pays. Heureusement, certains photojournalistes en ont profité pour nous montrer des aspects plus reluisants de la vie mexicaine. Notons les photoreportages sur les Flying Cholitas, un couple de femmes lutteuses, et sur les courses de voitures dans les villes et déserts du Mexique.

  • Le photojournalisme se penche souvent sur les côtés les plus sombres de l’humanité, mais nous fait également découvrir la beauté du monde naturel. C’est le cas du reportage de Stefano Unterthiner, qui documente le parcours migratoire des cygnes chanteurs.

Bref, l’exposition World Press Photo est l’occasion parfaite de découvrir des artistes au grand talent. Les photojournalistes ont la tache difficile de nous faire voir le monde, sans toutefois affecter l’environnement ou le sujet qu’ils immortalisent. Leur travail mérite qu’on s’y attarde. Le site web de la fondation World Press Photo répertorie tous les gagnants du concours 2010, et une application iPad illustre de façon magistrale le travail de ces virtuoses sous la forme d’un magazine électronique. Ne manquez pas non plus le texte de Max, demain, qui reviendra sur l’exposition et sur le travail des photographes.

16 juin 2011

De quoi les yeux sont fait (en 2011)

Les systèmes digitaux qui remplacent la pellicule annoncent la mort du grain, cette beauté organique et vivante. Ce qui fait place au pixel, carré immobile, parfait. On dit que le yeux sont le miroir de l'âme (ou quelque chose comme ça)... Voici donc des yeux, dans leurs plus intimes pixels. Ils sont à différentes échelles de zoom, et cinq d'entre eux représentent les membres de La Diago, dans divers états, poses, émotions.

yeux K

yeux max

yeux maxouel

yeux jp

yeux gui

yeux drill

Bienvenue dans l'ère digitale.

31 mai 2011

Revenir sur ses pas

Commis par Max


Il y a un été, je finissais mon tout premier rouleau de pellicule de noir et blanc.
L'idée était de photographier des instants de mémoire, mais de manière complètement anti-onirique et très précise.
Pour des raisons qui m'échappent encore, ces photos, je ne les avais jamais appréciées.





Aujourd'hui, je considère que ces photos sont parmi les plus réussies que j'ai faite. Bon, je regrette de pas les avoir imprimées comme il faut. Par contre, j'ai encore mes négatifs.








S'il faut une morale à cette courte histoire ? Laisser une chance aux œuvres auxquelles on donne naissance. Elles finissent par prendre le dessus sur de néfastes premières impressions.





(La semaine prochaine, le troisième chapitre sur les séries télévisées américaines : Curb Your Enthousiasm)

11 mars 2011

Vingt ans après

Semaine sous le thème de la symétrie. Qu'il en soit ainsi. Entamons cet article par cette citation de Serge Tisseron, qui tombe pile-poil: "Il en résulte que l'image de soi - donnée par le miroir ou par la photographie - est perçue tantôt comme le refuge d'une familiarité rassurante et tantôt comme le repère d'une "inquiétante étrangeté". "[1]

Pour son projet Back to the Future, la photographe argentine Irina Werning s'est intéressée à cette image de soi que nous renvoie la photographie. Elle nous confie: "I love old photos. I admit being a nosey photographer. As soon as I step into someone else's house, I start sniffing for them. Most of us are fascinated by their retro look but to me, it's imagining how people would feel and look like if they were to reenact them today..." [2] Pour mener à bien cette idée, la photographe a recontacté une vingtaine de personnes dont elle avait fait le portrait, 20 ans plus tôt, et leur a proposé de refaire - en tous points identiques - ces photographies (photos qui, pour la plupart des participants, appartiennent au monde de l'enfance).

Les résultats sont surprenants:



ou encore


(Tous les clichés à voir sur le site de l'artiste)

Les photos de Werning sont déroutantes d'exactitude. La balance des couleurs, la position des corps, les expressions faciales, la qualité de l'image, tout concorde entre la première et la seconde version. Comme si, peu importe le temps qui passe, peu importe le vieillissement des corps, l'essence de l'être demeurait toujours indemne. Mais le demeure-t-elle? Le second cliché est-il vraiment symétrique au premier? N'y devine-ton pas quelque chose qui aurait dû "rester secret, dans l'ombre, et qui en est ressortit". [3] (Allez, ne faites pas cette tête, un peu de Freud n'a jamais fait de mal à personne!)

Bien sûr, Werning n'est pas la seule à avoir pensé au concept. Avant elle, Ze Frank a lancé le projet Young me/ Now me, projet déjà plus intéressant, à mon sens, pour sa dimension interactive et participative. En effet, tous les internautes sont appelés à soumettre leur propre montage d'une ancienne photo jointe une nouvelle interprétation. L'artiste les intègre ensuite au projet. [4]

Un vidéo hommage au projet a même été fait:



Les résultats de Young me / Now me sont donc forcément moins précis que ceux obtenus par Werning, mais la liberté laissée aux modèles confère aux clichés une force et un mouvement qui manquent peut-être chez Werning. Le photographe ne chapeaute plus sont modèle, c'est le modèle qui se fait photographe et offre ainsi une lecture intime d'un artéfact d'enfance.

Néanmoins, je me fiche pas mal de savoir qui a eu l'idée le premier ou de déterminer qui l'a réussie le mieux. Dans les deux cas, il est fascinant de voir le sentiment d'étrangeté que provoque le positionnement d'un corps adulte dans un environnement (espace, accessoire, position) enfantin. La photo d'un gamin qui vise l'objectif de la caméra avec un fusil (en plastique?) n'a pas la même charge que celle d'un adulte brandissant une arme (en plastique?). Ni celle de deux frères prenant un bain ensemble, à six ans ou à quarante.

Une photographie est toujours "porteuse d'une spatialité et d'une temporalité virtuelles qui délogent constamment son spectateur de la spatialité et de la temporalité qui étaient celles du référent, dans le moment de la prise de vue. C'est en quoi toute photographie est à la fois un espace à explorer et un temps en devenir." [5] Imaginez quand ladite photographie reprend - en plus! - la spatialité et la temporalité d'une autre photo...

Alors, je me suis moi-même prêtée au jeu. Après avoir convaincu mon cobaye, j'ai tenté l'exercice, avec les moyens du bord (c'est-à-dire limités). Voyez par vous-mêmes:



Conclusion?

Il n'est pas aisé de placer les jambes d'un gars de 15 ans comme celles d'un bébé de quelques mois. Ce n'est pas aussi... mou. Et question cadrage... ça prend plus de place...



Forte de cette première tentative, j'ai accepté, à mon tour, de donner mon corps à la science. Et oui, La Fille s'est placée sous l'objectif.


Conclusion?

J'ai une ride dans le front.

Bordel.


Je vais de ce pas appliquer de la crème super-chère-pour-vieilles-peaux et laisser les délicieux mots du roman Les Années, d'Annie Ernaux, conclure à ma place:

Elle s'évanouiront toutes d'un seul coup comme l'ont fait les millions d'images qui étaient derrière les front des grands-parents mort il y a un demi-siècle, des parents morts eux aussi. Des images où l'on figurait en gamine au milieu d'autres êtres déjà disparus avant qu'on soit né, de même que dans notre mémoire sont présents nos enfants petits aux côtés de nos parents et de nos camarades d'école. Et l'on sera un jour dans le souvenir de nos enfants au milieu de petits-enfants et de gens qui ne sont pas encore nés. Comme le désir sexuel, la mémoire ne s'arrête jamais. Elle apparie les morts aux vivants, les êtres réels aux imaginaires, le rêve à l'histoire.


[1] Serge Tisseron, Le mystère de la chambre claire : Photographie et inconscient, Paris, Les Belles Lettres, 1996, p. 93.
[3] Sigmund Freud, L’inquiétante étrangeté et autres essais, Paris, Éditions Gallimard, 1919, p. 222.
[4] Pour soumettre une photo, vous pouvez écrire au ze@zefrank.com
[5] Tisseron, ibid., p. 166.

07 mars 2011

La Semaine de la Symétrie

La semaine de la symétrie commence aujourd'hui !

 


Expériences:




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Bonne semaine à tous et à toutes !

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