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10 décembre 2010

Fromage et effeuillage

Qu'ont en commun Dita Von Teese et la pizza? D'abord, pour tous deux, il arrive que nous enlevions des composantes, anchois ou vêtements, et que nous ne mangions pas la croûte, mais il y a plus. La reine du burlesque américain et le repas préféré des fêtards nocturnes se rejoignent, main dans le fromage, dans le merveilleux monde publicitaire des Internets.

L'interactivité propre au Web 2.0 (maintenant n'est pas le temps de faire ma montée de lait contre le fameux "2.0", j'y reviendrai, mes enfants) offre de nouvelles voies d'explorations aux compagnies les plus diverses, voies qui n'étaient auparavant que caressées, fantasmées.

Les voitures, les filles en bikini ou les allusions masquées-mais-pas-vraiment au sexe, c'est du passé. Le Web réalise le rêve de tout publiciste: prendre le consommateur par la main, le mener vers son produit, le laisser le toucher avec sa souris, caresser, faire joujou. En bref, lui donner le contrôle. Le consommateur n'est plus passif, devant son journal ou sa télé, n'ayant comme seul mécanisme de défense que de zapper ou de fermer les yeux. Il est appelé. Il choisit. Il interagit.

Le Favourite Website Awards (pour nos lecteurs moins bilingues: Les prix des sites Web préférés) décerne le ruban jaune du site du jour (FWA Site of the Day), qui est à l'excellence Internet ce que l'Oscar est à l'excellence de l'industrie du film. Or, deux fois plutôt qu'une, ces sites honorés s'avèrent être des campagnes de pub lancées par des compagnies: Nike, le dernier blockbuster hollywoodien, Perrier, une série télé à Canal+ et même les Pages Jaunes. Sans pour autant se définir comme du net.art (et ses multiples dénominations), ces sites n'en sont pas moins dénués d'audace et d'innovation.

Si vous vous êtes baladés en Europe, cet été, vous avez sûrement aperçu le look estival de l'eau Perrier: dur à manquer, si l'effeuillage, le rouge à lèvres et la lingerie sont votre tasse de thé. C'est toutefois l'URL au bas de la canette qui donne à la campagne tout son sens. Le consommateur, intrigué (ou alléché), entre ledit URL dans son fureteur et se retrouve dans le "Manoir Perrier" en tête à tête avec la pulpeuse demoiselle. Une fois sur le site, la voix de Dita elle-même le guide à travers l'exploration de deux pièces où l'eau pétillante devient étrangement sexy.

Un autre exemple de l'efficacité du Web en pub, certes moins affriolant, est la campagne menée par les Pages Jaunes. Afin de prouver que le bottin (version papier ou électronique) était toujours la meilleure manière de trouver un commerce, Yellow Pages a créé à Melbourne, Australie, une pizzeria secrète, annoncée exclusivement dans les pages jaunes. Les Melbourniens ont ensuite été mis au défi de trouver le restaurant, en échange d'une pizza gratuite. En deux semaines, plus de 6 000 entrées ont été enregistrées à travers le moteur de recherche du site, une file d'attente s'est formée devant la localisation secrète, le restaurateur est tombé en rupture de salami.

Tout ceci est bien intéressant, La Fille, me direz-vous, mais que vient faire le Web dans tout ça? Eh bien, pensez-y deux secondes, mes kiwis. À quoi servirait, en pub, un évènement ponctuel ne se déroulant que sur deux semaines, dans une seule ville du monde, si ce n'était du Web qui permettait de rendre l'expérience accessible à tous? Au Hiddenpizza.com.au, l'internaute accède au restaurant comme s'il l'avait lui-même déniché. Il peut même tagger des gens sur Facebook, s'il reconnait des connaissances dans la foule qui défile. Et bien sûr, un peu partout sur le site, le slogan des pages jaunes : "Be found!".



Avec l'explosion des Ipad, Iphones et autres téléphones intelligents, tout le monde est tout le temps en ligne. Alors plutôt que d'avoir recours aux codes QR, peu efficaces (qui veut vraiment "scanner" un code noir et blanc? C'est un peu archaïque, comme principe), les compagnies se plongent dans les possibilités expansives du Web. Venez, gentilles brebis, cliquez sur le lien, vous pourrez créer votre propre avatar de footballeur, jouer le temps d'une scène aux côtés de Benicio Del Toro ou, of course, verser du Perrier dans le décolleté de Dita.

Je vous le demande: Qui ne succomberait pas à la tentation?

2 commentaires:

Guillaume a dit…

Un bon exemple de marketing viral au Québec: http://www.lecanalaffaires.com/

Voyez la version de la diagonale ici:
http://www.lecanalaffaires.com/index.html?id=7979&video=montreal

La Fille a dit…

Sortie après la finition de cette article, je rajoute à la liste la nouvelle campagne de Doritos. Leur pubs sont généralement assez rythmée; ce coup-ci, les croustilles fromagées frappent fort: la première vidéo 360°.

À voir ici