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07 février 2011

Lucrecia Martel



Les Grands auteurs du cinéma (#2)

Lucrecia Martel.

Le nombre de réalisatrices qui connaissent un succès international est rare. Il faut savoir les savourer, en profiter. Lucrecia Martel est l’une d’entre-elles. Argentine et membre actif de sa «nouvelle-vague», Martel a prouvé, malgré sa courte filmographie, que son cinéma dépasse les étiquettes, et le fait en exprimant l’humain dans sa grande beauté et confusion. Comme on l’aime.

La femme sans tête. (trailer)

La femme sans tête est un des exercices de montage le plus créatif des 20 dernières années. Si vous voulez devenir monteur ou si vous vous intéressez aux questions de montage, La femme sans tête est exemplaire… Et ses personnages, bourgeois d’une économie bi-polaire qui ne cessent d’enterrer les réalités sociales faute de savoir mieux faire, fascinent. Veronica, par exemple, est victime d’un accident de voiture qui lui efface la mémoire. Martel ne nous permet jamais d'être certains de quoi que ce soit: ni de la nature de l’accident ni de la nature des relations entre les personnages. Qu’est-ce qui est souvenir, qu'est-ce qui est invention, qu’est-ce qui est réel? La caméra est serrée, obstruée, focusée sur des détails et la narration d’ensemble n’est que la récollection superficielle de ce que nous croyons voir. Le seul point d'ancrage est l’expression perdue et douce de Veronica.


La Niña santa. (trailer)

L’esthétique de La Niña santa n’est pas aussi élaborée que celle de La femme sans tête. Par contre, le récit est plus développée et Lucrecia Martel se permet de mélanger l’érotique et le religieux, le familial et l'individuel. Les thèmes sont à la fois très contextuels (campagne de l'Argentine, ses classes sociales, la place du religieux au pays) et très universels (la puberté des jeunes filles, l'adultère, la jalousie). Il y a quelque chose de classique dans le traitement du son et de l'image de La Niña santa, dans cette façon d'utiliser le brun et le bleu, de repenser les matières (les vêtements, l'eau) et d'en dire plus avec les regards qu'avec le montage ou le dialogue.

Ainsi, même si Martel n'en est qu'à son second film, elle atteint déjà le niveau de profondeur et de maîtrise qu'on attend d'un grand réalisateur.


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