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11 février 2011

Ma vie en videoscope

À peine sortie des draps ce matin que je reçois un courriel de La Tache dans lequel il me suggère cet article. Perplexe, je me questionne sur ses intentions. Désirerait-il que je dévoile à tous l'histoire incroyable de notre amour qui naquit, fut partagé et bourgeonna sur Internet? La grande épopée amoureuse de La Fille et de La Tache? Soit. Ne pouvant voir d'autre sens à son envoi énigmatique, je cède. Vous connaîtrez enfin la plus grandiose des histoires d'amour. Que les Tristan et Yseult, Bernier et Couillard, Brangelina de ce monde se rhabillent (à part Brad Pitt. Lui, il peut rester tout nu). L'amour, avec un grand A, c'est sur les internets que ça s'écrit.

J'étais en vacances en Martinique. Je sortais de la piscine. C'était le lundi. Le jour de mon maillot vert. Lui, il prenait le soleil. Je l'ai remarqué tout de suite. Il avait des spasmes étranges sous le pouce d'huile autobronzante étalé sur ses pectoraux. Je ne l'ai pas abordé, malgré son sourire de player et son menton en craque de fesses. Pour quelle genre de fille aurais-je passé? Mais, soyez rassurés, La Fille a plus d'un tour dans son sac Longchamp. J'ai toujours mon courriel, mon identité Twitter ET mon adresse Myspace imprimés sur le bas de mon bikini. Ainsi, il suffit de passer savamment près la proie visée, et le tour est joué: 9.5 fois sur 10 (et oui, parfois les gars sont myopes et ne portent pas leur lunettes) un courriel ou une invitation Facebook m'attend avant le soir.


Ce soir là, à l'hôtel, un certaine "La Tache" m'invitait à rejoindre son groupe d'amis. Séduite par ce nom dirty, je n'hésitai pas une seconde. Je n'avais aucune doute: c'était mon inconnu huileux de bord de piscine. Et l'histoire était lancée.

S'ensuivirent des mois d'échanges de tweets coquins et de vidéos aguichantes nous mettant en scène. Ce n'est toutefois qu'après la vidéo suivante que j'ai compris que son coeur s'était accroché pour de bon. J'avais touché la fibre geek qui est - disons-le - toujours plus importante que la fibre masculine. Mon chef-d'oeuvre:


Il faut comprendre, mes petits voyeurs de lecteurs, que depuis ce jour en Martinique, nous ne nous étions jamais revus. Nous n'en sentions pas le besoin. Étant des créatures du Web, nous savions utiliser les outils technologiques à notre disposition pour construire une relation virtuelle qui valait bien n'importe quelle relation réelle. Notre idylle allait bon train. Elle filait sur le chemin de fer de la passion, sans anicroche aucune pour la ralentir.


Au monde entier, nous disions:


Nous étions l'équipe gagnante. Le couple chéri. Le couple jalousé. Et puis soudain, le faux pas. La Tache m'envoya cette vidéo.


Je n'y croyais pas. Ne connaissait-il donc rien de moi? Nos années de relations claviérales ne lui avaient-elles rien appris? Combien de fois lui avais-je répété que je détestais l'association des couleurs fuchsia-rouge-blanc-bleu-fuchsia? Cette vidéo était une insulte à mon sens esthétique. Je ne pouvais passer ma jeunesse virtuelle aux mains d'un tel rustre. Je devais mettre fin à ce non-sens.


La rupture fut chaotique. Deux personnalités alpha comme les nôtres ne se défusionnent pas aussi facilement. Les batailles fusèrent.


Nous avions un patrimoine virtuel commun à nous partager. Mais surtout, nous devions nous reconstruire une identité personnelle. De son côté, il cessa de s'enduire d'huile. Il laissa fondre ses pectoraux. S'enferma dans le cynisme. Et porta le masque. Or, de mon côté, je n'arrivais pas à laisser le passé derrière. J'avais beau être l'instigatrice de cette rupture, il me manquait. Je regardais compulsivement des vidéos d'animaux pour me consoler.


Rien n'y faisait. Même son nouveau look m'aguichait. Il fallut l'aide d'un spécialiste pour que je comprenne que notre histoire n'aurait jamais de futur.

66%.

La réalité me percuta. 66%. Je devais me reprendre en main. La vie continuait. La Tache ne tacherait pas (pardon, je deviens lyrique) mes années à venir.

La joie m'envahit à nouveau. J'étais une gagnante, une combattante, une guerrière. The futur was mine.


Ainsi se termine la magnifique histoire de La Tache et de la Fille. D'une piscine en Martinique à des fantastique leggings bleus, cette histoire n'aura été que passion, dans l'extase comme dans le déchirement.




N.D.L.R: Chers lecteurs, bien sûr, tout ceci est de la fiction. La Tache et moi ne fûmes jamais concubins. Je suis trop bien pour lui. Il est trop bien pour moi. Cet article est un exercice amusant. Je me suis donné le défi de construire une histoire d'amour de Saint-Valentin (que voulez-vous...) exclusivement avec les vidéos tweetées en date du 10 février 2011. Comme quoi, on peut faire dire n'importe quoi au Web.

3 commentaires:

Flo a dit…

J'l'ai toujours su que vous êtiez fait l'une pour l'autre :o)

Martin a dit…

À quand un film à grand déploiement de votre amour tragique?

Je pressent Kate Winslet pour ton rôle et Hugh Jackman pour La Tache.

Ou Jenna Jameson et Ron Jeremy, c'est selon.

La Fille a dit…

Je trouve le premier casting tout à fait convaincant.
Je suis heureuse d'avoir su vous faire rêver en ce week-end de l'amour.