La Diagonale a déménagé ! Trouvez-nous sur

10 juin 2011

Berlusconi et ses femmes

Commis par Guillaume

Dans son édition de la semaine dernière, le New Yorker trace un portrait peu flatteur du premier ministre italien Silvio Berlusconi. Il faut dire que le pauvre ne s'aide pas vraiment. Le procès du Cavaliere, dans lequel Berlusconi est accusé d'avoir sollicité les faveurs sexuelles d'une mineure, reprendra cette semaine dans sa ville natale de Milan. De plus, trois de ses plus proches associés sont soupçonnés d'avoir créé un véritable réseau de prostitution pour assouvir l'appétit sexuel du chef d'état italien.


Né en 1936, Berlusconi a d'abord fait fortune dans le monde de l'immobilier, avant de se lancer dans l'achat de stations lors de la privatisation de la télévision italienne en 1976. Ces stations diffusent des émissions édifiantes telles que Colpo Grosso, Buona Domenica ou bien le bulletin d'information Striscia la Notizia. Lorsqu'il fut élu premier ministre pour la première fois en 1994, il était l'homme le plus riche d'Italie. Aujourd'hui, ses avoirs sont évalués à 7,8 milliards de dollars, ce qui fait de Berlusconi la 118e fortune mondiale selon Forbes.

C'est dans la somptueuse Villa San Martino, située à Arcore dans le nord de l'Italie, que Berlusconi aurait pris part à des orgies avec plusieurs jeunes femmes (orgies surnommées Bunga Bungas par le principal intéressé, qui aurait emprunté le terme au colonel Kadhafi).

C’est aussi à Arcore que ce seraient produits d'autres évènements reprochés à Berlusconi. Il aurait offert de l’argent à Karima el Mahroug, une jeune femme de 17 ans aussi surnommée Ruby, en échange de faveurs sexuelles. Il a aussi usé de son pouvoir pour la faire libérer du poste de police de Milan, alors qu’elle était détenue pour une affaire de vol. Le procès du « Rubygate » entache depuis la réputation du premier ministre, ainsi que celle de l’Italie.

La femme italienne

Un premier ministre comme Berlusconi, qui a déjà déclaré qu'il était impossible de prévenir les crimes sexuels en Italie, car les Italiennes sont trop séduisantes, n'aide pas la cause des femmes. Il a fait sa fortune en vendant les femmes comme objets sexuels, et a l'habitude de donner des postes gouvernementaux importants aux animatrices de ses émissions de télévision ou bien à ses amantes présumées. Bref, le premier ministre italien montre un certain mépris pour les femmes, mépris qui semble malheureusement généralisé en Italie.

Voici des extraits du classement du World Economic Forum's 2010 Global Gender Gap Report, qui évalue la place accordée aux femmes partout dans le monde:

1 - Islande
13 - Allemagne
15 - Grande-Bretagne
19 - États-Unis
20 - Canada
45 - Russie
46 - France
74 - Italie
94 - Japon
134 - Yémen

L'Italie fait bien mauvaise figure dans le monde occidental et se retrouve en compagnie de la Gambie et de la République dominicaine au classement mondial. Quelques informations supplémentaires offertes par la journaliste Ariel Levy du New Yorker:

"Ninety-five per cent of Italian men have never operated a washing machine. Until 1981, a “crime of honor”—killing your wife for being unfaithful or your sister for having premarital sex—could be treated as a lesser offense than other murders; as late as 2007, a man in Palermo was sentenced to just two days in jail for murdering his wife after their children testified that she had been disrespectful to him. [...] Women constitute a smaller percentage of the workforce in Italy than in any other country in the European Union, apart from Malta, and those who work make barely half as much as their male counterparts."

C’en était assez pour la politicienne Rosy Bindi qui, après une remarque désobligeante de Berlusconi, lui a répliqué « Non sono una donna a sua disposizione! » (Je ne suis pas une des femmes à votre disposition.) Cette réplique est devenue le cri de ralliement des opposants de Berlusconi. Chaque jour du procès du Rubygate, des centaines d’hommes et de femmes massés devant le palais de justice de Milan scandent le slogan, qui est depuis entré dans la culture populaire avec l’aide de Mafalda.

Le règne de Silvio Berlusconi semble s’effondrer. L'été dernier, son allié des premières heures, Gianfranco Fini, a quitté son parti et demande maintenant sa démission. Le parti du premier ministre vient aussi de perdre bien des sièges lors des dernières élections locales au mois de mai. Reste à voir si Berlusconi entrainera dans sa chute le chauvinisme et le machisme qui semble régner en Italie.

Seconde lecture: Le vénérable magazine The Economist consacre sa une de cette semaine au premier ministre italien. Ce ne sont toutefois pas les Bunga Bungas de Berlusconi qui sont à l'étude, mais plutôt ses politiques économiques. The Economist accuse le Cavaliere d'avoir gravement compromis la santé économique de son pays, au profit de ses intérêts personnels. Malgré tout, Silvio Berlusconi continue toujours de sourire...

2 commentaires:

Marin Gouin a dit…

Bah, avec une libido aussi satisfaite, il a de quoi être béat non?

La Fille a dit…

Bunga Bunga est le syntagme le plus près de son référent.