COMMIS PAR MAX
Il y a de ces perfections qu’on ne peut exprimer. Nous vivons tous ces courts moments de grâce, de bonheur et de légèreté qui nous paraissent indescriptibles tellement ils sont simplement trop sensoriels pour être exprimés en mots. Comme des éclairs qu’on attrape dans une bouteille et qu’on admire pendant des heures sans comprendre pourquoi, sans pouvoir dire durant combien de temps. Ces moments, je les vis, je les ressens et j’essaye constamment de les retrouver dans l'art. Récemment, j’ai compris que c’est Terrence Malick qui a su le mieux recréer ces émotions en moi, particulière dans son dernier film, présentement en salle. C’est sûrement bête, mais je reste encore hanté par le souffle que m'a procuré une succession de plan : la mère qui nettoie ces pieds avec un arrosoir dans le jardin, l’enfant qui se met à boire cette eau.
The Tree of Life est un film simple. Le résumer est futile. Certes, l’exécution du film peut paraître ambitieuse puisque chaque type de plan, chaque angle, chaque mouvement de caméra est reproduit. Le film pourrait être vu en classe comme leçon modèle de cinéma. Cependant, toute cette grandiose manœuvre tend à nous rappeler que la vie, c’est une calme humilité face à l’univers, face à la mort, face à la biologie même des choses vivantes : on n’y peut rien. Simplicité. Ce qui compte réellement, c’est comment la lumière traverse les fenêtres, comment courir est agréable, comment on s'est senti quand on a eu réellement peur pour la première fois ou quand la main de notre père se pose sur notre cou, qu'est ce qu'on ressent lors des premiers pas de notre enfant. Certes, le film de Malick contient des scènes d’une tristesse profonde, mais ce dont je me rappelle de ces scènes, ce sont encore les détails sonores et visuels, la voix chuchotée du père O’Brien qui explique à sa femme que ça ira, les deux baignant dans le gris-bleu profond du trottoir et des nuages. C’est peut-être une mauvaise description, c’est peut être même loin du film, mais c’est le souvenir que j’ai. C’est le souvenir qu’on a d’un film qui compte.
J’aime Malick parce qu’il me rappelle que le cinéma ne doit pas forcément être intellectuel, qu’il peut aussi être un médium d’émotion pure. Parce qu’après toute ces années, c’est the Tree of Life qui m’a rappelé que pour moi l’émotion, c’est sensoriel.
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