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03 juin 2011

Ô, être une femme

Commis par La Fille


Ce matin, j'ouvre mon TweetDeck et je tombe sur ce petit gazouillis: «Le vélo est le seul véhicule qui n'est pas unisexe. Jamais vous n'entendrez "Ah non, ceci est une chaloupe pour filles"» - @simonpaquet.

D'abord je rigole. Je me dis que ça commence bien la journée, cette réflexion. C'est vrai n'empêche. L'équipement sportif serait-il notre seul oasis, le seul endroit où homme et femme peuvent être pensés comme égaux? Puis je pense au bateau de Barbie.
La chaloupe (/bateau de luxe) pour fille existe donc! Mais je me rassure vite. Ce n'est qu'un jouet. Il n'existe pas de vrai bateau Barbie. Et je reviens à la remarque de @simonpaquet.

C'est un débat vieux comme le monde, cette histoire de gars et de fille. Aussi vieux que ces deux-là, en fait.


Même les mecs qui ont écrit la Genèse, quelque part dans le désert, trouvaient que c'était louche, cette histoire de sexes.

La femme et l'homme sont différents. On nous apprend ça dès la petite école : on nous montre de petites tablettes anatomiques qui nous font glousser dans notre maturité prématurée. Et après s'ensuivent la liste des clichés, des stéréotypes, mais aussi des faits vérifiés.

-Bleu veut dire garçon, rose veut dire fille;
-Les garçons ont davantage besoin de bouger que les filles;
-Les garçons décrochent plus que les filles à l'école;
-Les adolescentes atteignent la puberté avant les adolescents;
-Les hommes possèdent une grande masse musculaire que les femmes;
-Les hommes sont infidèles;
-Les femmes sont émotives;
-Les hommes;
-Les femmes.

Et après, à toi, petite fille, petit garçon, de départager le vrai du faux.

C'est un peu lasse du débat - ne sachant à qui donner raison (à ma propre expérience de femme, aux articles de généticiens savants, aux statistiques des écoles mixtes et non-mixtes, etc.) - que je suis tombée sur la déclaration polémique qu'a faite le dernier Nobel de littérature, l'auteur Vidiadhar Surajprasad Naipaul. Franchement, les astres s'alignaient cette semaine pour que je discute avec vous de la femme et de l'homme. En effet, dans un journal londonien, l'auteur britannique affirme que les hommes et les femmes écrivent de manière distincte. Il soutient que quelques paragraphes de lecture suffisent pour qu'il puisse déterminer si l'auteur des lignes est homme ou femme. Il poursuit en disant que l'écriture des femmes se devine par sa «sensiblerie, cette vue étriquée du monde.»

À ma plus grande surprise, la lecture de l'article ne m'a pas indignée. Pourquoi pas, que je me suis dit. Et si les femmes n'écrivaient pas comme les hommes? Pourquoi n'existerait-il une qualité d'écriture inhérente à la femme (et donc, à l'homme)?

Ce n'est sûrement pas en vain que des tas de chercheurs étudient l'écriture des femmes, n'est-ce pas?

Mais attention. Je ne dis pas que toutes les femmes écrivent comme "UNE" femme. Je trouve futile d'essayer de mettre une frontière claire et définie sur la question puisque, à mon sens, la création ne peut être réduite à histoire de sexes. La féminité ou la masculinité d'une œuvre relève simplement d'une posture d'écriture. Certaines femmes écriront comme des femmes, parce qu'elles l'auront voulu, durant un certain temps. La posture sera tout autre à un autre moment.

Et là où il faudrait quand même arrêter de déconner, c'est quand on commence à dire que cette écriture féminine est une sorte de "tare", puisque soi-disant entachée par une "sensiblerie". Ce léger sous-entendu des mots de Naipaul m'a heurtée (tiens, serais-je sensible?)

Parce que si un jour, j'ai le bonheur d'écrire avec la colère de Mavrikakis ou l'abyssale ardeur de Woolf, ben, je me dirai que c'est pas mal du tout, d'être une femme.

Et puis, pour moi, il reste des zones d'ombre:

Est-ce bien un homme qui a écrit Un objet de beauté?
Est-ce bien un homme qui a écrit Piano?
Est-ce bien une femme qui a écrit Autobiographie d'Alice Tolkas?

Mais bon. Je signe quand même ce texte «La Fille». J'imagine que ça me disqualifie.

Et pour ceux qui voudrait s'amuser, voici un test qui vous permet de vérifier si, vous aussi, savez différencier l'écriture des femmes de l'écriture des hommes.

Pour ma part, j'ai eu le score de 4/10, accompagné de cette mention: "Sloppy thinking. You clearly need to read more books by men." Et pour l'anecdote.... j'ai 'ailleurs confondu l'écriture de Naipaul avec celle d'une femme.

Je dis ça, je dis rien.

3 commentaires:

Unknown a dit…

EN fait il y a aussi des char de gars et des chars de filles (Jepp wrangler = gars, hyundai elantra = fille).
On a tendance à voir les choses de gars comme «meilleur» que les chose de filles. C'est une question de culture; lorsque notre société cessera de louanger l'individu, le travail, l'argent et le plaisir rapide les choses féminine reprendront de la valeur. Pour moi c'est l'échec du féministe; au lieu de valoriser la femme, le féministe à voulu s'approprier les choses de l'homme. Résultat 40 ans plus tard, les rapports femme-homme ne sont pas meilleurs et des femmes revendique le droit de s'habiller en salope dans les rues de Montréal pendant que d'autre dénoncent l'hypersexualité dans les classes universitaire.

Il y a des différences à tous les niveaux (biologiques, psychologiques, sociales) entre les femmes et les hommes. Le mieux qu'on puisse faire c'est de l'accepter et d'arrêter de ce dire que différent veut dire meilleur/pire. Différent veut dire complémentaire.

Antoine Dion

La Fille a dit…

Je suis assez d'accord avec tout ça. C'est effectivement ce qui m'a le plus dérangée, dans les propos de Naipaul, ce sous-entendu que l'écriture des femmes étaient moindre.

Bref. Je vais maintenant aller voter en pantalons, pendant que ma brassière termine de se consumer dans le brasier de ma colère.

La Fille a dit…

Et pour l'anecdote, je viens de tomber sur une nouvelle assez dans le ton: Carlsberg lance une bière pour femme.

"Rien de plus agaçant pour une femme qui s'est faite belle pour sortir que de se retrouver, une fois au bar, avec une bouteille de bière qui ne se marie pas du tout avec sa robe. C'est du moins ce dont le brasseur d'une nouvelle bière tente de convaincre les consommatrices."

http://www.cyberpresse.ca/vins/bieres/201105/26/01-4403020-carlsberg-lance-une-nouvelle-biere-pour-femmes.php

Laissez-moi rire...