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01 juillet 2011

Connecte ta Kinect

Commis par Maxouel

Pour les moins geek d'entre vous, la sortie de la Kinect, le 4 novembre 2010, est sans doute passée inaperçue. Par contre, pour la communauté des hackers et de l'open source, le coquet bidule tri-oculaire de Microsoft est un précédent historique. Voici pourquoi.


Kessé ksé la Kinect ?

« Ayoye ! » - Tom Cruise, essayant la Kinect.
En gros, la Kinect, conçue pour la Xbox 360, est une Wii sans manette. Le gadget se place tout simplement au dessus de l'écran : ensuite, il suffit de se dandiner. La Kinect est équipée d'une caméra de profondeur (qui projette une grille de points en infra-rouge, puis détecte la distorsion et le temps de retour de la réflexion) et d'une caméra classique, style webcam. La combinaison des deux devient un détecteur de mouvements d'une redoutable précision. Accompagnée de savants algorithmes, la Kinect peut suivre le mouvement d'une main, d'un bassin, d'un pied, voire même d'un sourcil... et pratiquement sans erreur.


Un succès chez les flibustiers

Dès la sortie de la Kinect, les gosseurs informatiques de ce monde ont pressenti son potentiel immense. Les caméras de profondeur, nécessaires à l'analyse d'un environnement tridimensionnel, se trouvaient alors à des prix rédhibitoires. Les 150$ demandés pour la Kinect étaient une révolution en soi.

Le site Adafruit a vite lancé un concours, offrant 3000$ au premier qui concocterait un pilote opensource pour brancher la Kinect sur un ordinateur. Une surprise attendait les hackers : le code qui sortait du port USB était parfaitement simple et intuitif. Hector Martin, qui a remporté le concours, s'en est évidemment réjoui :
Microsoft was nice enough to say, “We aren’t going to tell you how it works, but we aren’t going to prevent you from figuring it out.” [1]
Plus tard, on apprendra que l'instigateur et le subventionnaire du concours n'était nul autre que Johnny Chung Lee, alors employé chez Microsoft ! Lee s'était déjà fait remarquer pour son fameux piratage du capteur de la Wii (allez voir ça !), permettant de modifier la perspective de l'image selon la position de sa tête. Aujourd'hui, Lee ne travaille plus pour Microsoft... mais pour Google.


Collaborer avec l'ennemi

Le monde selon Apple
En soi, cet engouement pour la Wii n'est pas surprenant. Par contre, la réaction de Microsoft a désarmé les plus optimistes. Vaguement menaçante au début, la méga-boîte a décidé de fermer les yeux sur le piratage de la Kinect. Ensuite, devant le succès de vente phénoménal du gadget, Microsoft a choisi de cautionner les programmeurs en dilettante. Tout récemment, Microsoft a lancé Kinect for Windows, permettant à chacun de programmer les données de la Kinect en C ou en basic.

Cette stratégie de marketing est remarquablement intelligente. Grâce aux multiples hacks de la Kinect, Microsoft jouit d'une publicité gratuite et enthousiaste, en plus de s'attirer la sympathie des enfants terribles du Web. Cette approche devient de plus en plus populaires chez les grandes firmes : on peut penser au Android Open Accessory Development Kit, qui permet de modifier le système d'exploitation de téléphones cellulaires.

Dans ce contexte d'ouverture, la gestion hégémonique d'Apple est des plus archaïques.


Quelques projets fascinants

La frénésie des piratage était telle qu'un site a été conçu pour les héberger : Kinecthacks

Très remarquée parmi les premiers projets, l'Université allemande de Konstanz a conçu un détecteur 3D pour aveugles. Ici, la Kinect permet de détecter les obstacles, ainsi que des QRcodes donnant des indications. Le programme interprète ces données pour fournir des indications vocales.

Dans un registre plus ludique, certains ont réussi a animer des robots qui imitent, en temps réel, le mouvement de leur propre corps. D'autres ont intégré leurs expressions faciales dans des logiciels d'animation 3D.


Finalement, voici mon projet préféré. Ici, Chris Vik se sert simplement de la Kinect comme contrôleur musical, permettant de modifier le déroulement de la mélodie, l'amplitude de filtres, la hauteur d'une mélodie. Est-ce que les DJ de demain seront aussi des danseurs !?





Pour plus d'info, consultez l'excellent article de Jason Tanz, pour le toujours pertinent magazine Wired.

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