Mon collègue m'a dressé un tapis tout rouge et tout doux avec l'introduction de son précédent article. Frôlant lui-même du bout des doigts la jeune et complexe histoire des Internets, il m'a décidée à aborder dès cette semaine l'épineuse question du 2.0, question dans laquelle je n'avais pas souhaité me lancer la semaine dernière, toute obnubilée que j'étais par les rondeurs de Dita. Alors, vous qui me lisez sur le Web, pensez-vous que nous sommes aussi 2.0 que tous les participants aux divers concours Web aimeraient nous le faire croire? Certes, en 2010, nous n’imaginons déjà plus l’époque où nous fonctionnions sans courriels, sans téléchargements illégaux, sans pornographie gratuite en ligne (mais oui, cliquez, cliquez); mais, bien que la majorité des foyers québécois soient branchés et connectés de toutes les façons possibles, le Net n’est-il pas encore le terrain de jeu d’un club sélect très restreint? Même si programmeurs, hackers, autodidactes du Web forment désormais une espèce commune et connue, la sélection naturelle n’en a toujours pas fait la race de demain. Cessons de nous leurrer : le commun des mortels ne connait pas (ou peu) l’outil qu’il utilise quotidiennement. Et vous, et moi? Connaissons-nous les nuances entre World Wide Web, Internet, HTML, RSS…?
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Ceci voudrait dire, si nous faisons une moyenne ((51+29)/2), que nous aurions dû avoir jusqu’en 2029 pour maitriser le Web. Or – horreur! – à peine commencions-nous à devenir des embryons de Webmasters qu’une nouvelle vague technologique est venue tout chambouler.
Le 2.0. nous a pris au ventre comme une ITS latente. Nous l’avons côtoyé cinq années sans comprendre la puissance de la bête endormie : elle a germé en 2003, mais n’a réellement déferlé sur nos univers de pauvres ploucs de l’info qu’en 2007. Et depuis, c’est la folie. Nous sommes teeeeeeeeeeeeeeeeellement 2.0.
Or, ne me méprenez pas. Je n’ai rien contre le 2.0. Il est réel. Et il nous a définitivement rendu le Web mille fois plus accessible : même les plus cons ont compris que quelque chose de nouveau s’y tramait. Ma dent, ma rage, mon exacerbation, elle est envers la trop vaste proportion de ces cons hurlant à tous vents qui sont des pros du Web 2.0, qu’ils sont complètement multiplateformes, polyvalents, que les réseaux sociaux n’ont plus de secrets pour eux. Vraiment? Chez qui iras-tu pleurer lorsque tu n’arriveras pas à déloger les publicités de Cialis et de Viagra sur ton blogue? Chez lui. Alors, je t’en prie, remballe ton discours de pro 2.0 et fous-moi la paix. Tu n’es pas 2.0. Je ne suis pas 2.0. Et le monde n’a pas arrêté de binariser
NDLR: Pour les moins férus de fashion, je vous laisse deviner de quelle marque vestimentaire populaire s'inspire directement le titre de cette chronique. Tout un défi, oh, ça oui.
4 commentaires:
les avancées technologiques suivent non pas une évolution linéaire mais bien exponentielle, c'est pourquoi on a si peu de temps pour s'adapter aux changements technologiques par rapport à disons 1930... et c'est pourquoi on prédit l'avènement de la singularité pour 2030 et non pas 2300. À lire dans GQ de Janvier 2010, disponible sur mon bol si vous venez faire caca...
Très bien répondu. Je suis en tout point d'accord avec toi. En fait, outre pour son effet comique (en soi douteux, certes), mon calcul mathématique ne sert pas mon propos (et est volontairement erroné, le calcul, pas le propos). Toujours est-il que le commun des mortels se retrouve plus souvent à la traîne de cette courbe exponentielle qu'à son sommet.
POINT ZERO! haha chu bon
Bravo, Anonyme. Tu gagnes le respect de l'équipe de La Diagonale au complet. Pour une ou deux heures.
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