Je me rends rarement à l’est de Papineau, parce que c’est trop loin et que c’est laid. Mais, ce lundi, j’ai piétiné ma paresse jusqu’au Broue pub Brouhaha, au coin De Lorimier et Rosemont.
À mon entrée, je fus accueilli par des cris hargneux : «EXPLOOOOOOSE ! EXPLOOOOOOSE!», demande à laquelle j’aurais volontiers répondu, mais je ne savais pas comment exploser. Heureusement, la foule ne s’adressait pas à moi, mais à un hélicoptère en proie à d’évidentes difficultés. Après quelques vrilles dans un motton de fumée, l’engin finit effectivement par exploser, ce qui souleva de bonheur les cinéphiles imbibés de bière.
Mon «Chérie partons d’ici» éploré ne reçut que peu de considération de Zanne, qui connaît mieux que moi les mœurs post-Papineau. Nous avons traversé la pièce, en évitant autant que possible de nous interposer entre le public et l’écran, non pas par courtoisie mais à cause des projectiles lancés à toute vitesse. Quelques bleus plus tard, nous retrouvions la mafieuse bande des Langues sales, tapie dans un coin sombre.
Sof la Tof claqua des doigts, et on me servit aussitôt une I.P.A extra-forte qui dissipa vite mes appréhensions. Je me trouvai alors tout disposé à savourer le travail du VJ, passé maître dans l’art de faire swinger la nullité.
Mais quesséksé que cette histoire du douteux.org ? Le meilleur moyen d’en avoir toute la mesure, c’est de se pointer au Brouhaha le lundi soir ! La formule est assez constante : un film, considéré particulièrement mauvais par les organisateurs, est présenté au public assoiffé d’erreurs de raccord et de clichés ronflants. Ce main feature est précédé de clips vidéos plus courts, véritables perles d’absurdité.
Des projectiles, formés de bouchons de vin, sont servis dans des seaux. Chacun peut donc balancer son dégoût à bout de bras, soit sur l’écran, soit sur une cible «bande son» prévue tout spécialement pour les mélomanes outrés.
Mais le douteux, c’est bien plus qu’une soirée au Brouhaha : c’est une groupe, c’est une émission de radio, c’est une philosophie.
OBJECTIFS DE L'ORGANISME
- Développer le réflexe du questionnement par rapport à la culture de masse et éliminer l'acceptation automatique des idées reçues.
- Illustrer l'immense variété et l'incroyable omniprésence d'éléments douteux dans les médias, même les plus récents, même ceux à très haut budget.
- Développer chez l'auditoire le réflexe de questionnement par rapport à ce qui est présenté; susciter les conversations et les débats entre les auditeurs.
- Offrir des expériences de visionnement enrichissantes en présentant ce que les médias de masse ont de pire à offrir.
Sans aucun doute, le «réflexe de questionnement» est activé par les films du douteux. On pourrait même parler du «réflexe de doutisme», qui serait un cas particulier de doute esthétique systématique. Mais ce qui frappe le plus, c’est l’humanité des vidéos douteuses. De rature en rature, les films sont tous plus imprévisibles les uns que les autres. Plutôt que de se complaire dans la mécanique du cliché, les vidéos poches défient toute convention. Loin du fini glacé d’Hollywood, les soirées du douteux sont un haut lieu de délire carnavalesque.
Surveillez leur site web pour les événements spéciaux !
Pour finir cette chronique, voici une vidéo extrêmement douteuse, justement dégotée sur leur site.
Surveillez leur site web pour les événements spéciaux !
Pour finir cette chronique, voici une vidéo extrêmement douteuse, justement dégotée sur leur site.
2 commentaires:
Mafieuse? Héhé.
Un évenement Douteux spécial 3D (lunettes rouge et bleu) est en préparation! À venir d'ici un mois...
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