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18 avril 2011

Les films étudiants


Les films étudiants



C’est la fin de l’année, les étudiants en cinéma montrent les films produits au cours de la session. Souvent, il s’agit d’une année de travail pour un résultat de 5, 10 et parfois 15 minutes. Cela peut paraître absurde, mais lorsqu’on voit nos films sur un grand écran, nous ressentons un soulagement monstre et un sentiment de réussite inégalable.
Après avoir vu plus de 65 films étudiants de première année d’université, j’ai décidé qu'il était temps de dresser une liste des éléments narratifs revenant souvent. Loin de moi l'idée de détruire les ambitions des futurs étudiants en cinéma. J’aimerais plutôt qu’ils évitent certaines voies qui, année après année, reviennent inlassablement. Voyons cela comme une forme de psychanalyse (si on veut).


Guide Ne pas faire du cinéma étudiant.
Les thèmes qui reviennent trop souvent:
  • La religion chrétienne. Qu’est ce qu’elle en prend la gueule, cette religion. Je veux bien qu’on ne l’aime pas, mais sur 65 films, il y en a 10 qui évoquent de manière massive Jésus et les abus chrétiens. Ça devient lourd. Alors, réglons la chose une fois pour toute: les jeunes n’aiment pas la religion. Oh ça non.
  • Les vieux. L’infantilisation des vieux, je n’en peux plus. Vraiment plus du tout. N’importe quel élève qui désir parler des vieux devrait automatiquement regarder Cloud 9, la Vie Moderne et du Ozu. En très gros, je note une incompréhension généralisée de la vieillesse par la jeunesse d’aujourd’hui.
  • La routine de tous les jours. L’idée d’exprimer l’ennui, avec l’ennui. Nada. Remarquez... Des professionnels avec 20 ans d’expérience le font bien, eux...
  • La violence exacerbée (et souvent sexuelle) sur des jeunes femmes en fin d’adolescence. L’idée d’exprimer le choc, avec le choc. Nada bis. Un manque de réalisme fait tomber le tout dans des clichés et des exagérations immenses.
  • La danse. Beaucoup de films sur la danse. Beaucoup. Je comprends l’attrait, c’est agréable à filmer, intéressant à monter, chouette à montrer. Cependant, à force d'en voir et revoir et revoir encore, les derniers films de danse de la programmation nous paraissent ringards (alors qu’ils ne le sont pas forcément!)
  • Les couples. Le gros sujet de la vingtaine. Je vais résumer le tout avec une question: peux-tu résumer une histoire de couple en 5 minutes? Si oui, ton couple n’est pas intéressant. Si non? Ne le restreint pas à 5 minutes. Certains réussissent très bien, mais beaucoup, beaucoup tombent à l’eau. Je comprends l'urgence d’en parler, mais c’est différent de vouloir en faire un film.
(L’idée est que, si le film est bien fait, cela ne pose aucun problème.)
Les plans et les objets qui reviennent souvent:
Les lavabos, les douches, les croix, les figures masculines fortes et pénibles, les miroirs, les plans larges de la nature enneigée, les voix off de nouvelles, les télévisions, de la musique non-originale d’un groupe de post-rock montréalais (for fuck’s sakes), des chiens, et beaucoup, beaucoup de mains.
Pratiquement chaque film avait son plan de mains. (Mon film aussi avait des plans de mains.)
Conclusion:
Mes études me mènent à la seule conclusion possible: l’étudiant occidental possédant le luxe incroyable d’apprendre les beaux-arts est en pleine dépression et déteste le monde autour de lui.
Pour les 4-5 autres qui ont fait des films drôles ou légers, merci.
Dernier commentaire:
Malgré tout, certains des films ayant fait exactement le contraire des conseils que je viens d'exprimer étaient très bons, très réussis. Comme quoi, une idée possède mille potentiels. D’autres n’auront repris aucun des thèmes et aucun des éléments mentionnés et auront été des flops monumentaux. Cependant, je rigole avec un fond de désarroi: en première année, l'université (Concordia) demande qu'on pense, réalise et monte nos films en 16 mm, et de ne toucher au qu'aux procédés numériques qu'à l'arrivée du son. Certaines personnes n'ont pris le temps de faire de films avec les moyens proposés et ayant opté pour les solutions numériques facile, en cachette. C'est un peu la mort de la pellicule, annoncée par des étudiants sans courage. Pour tout le reste, bravo!


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