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24 mai 2011

L'osti de procès de Guy Turcotte

COMMIS PAR LA TACHE

Est-ce que je suis le seul qui est vraiment écoeuré d'entendre parler de l'OSTIE de procès de Guy Turcotte?

Je veux dire, c'est un crime horrible, on s'entend, et comme la justice nécessite un peu de médiatisation pour donner un sentiment, je sais pas, moi, de sécurité aux gens, pour leur donner foi dans le système, je comprends qu'on en parle dans les midias.

Mais une fois qu'on connait le crime, il me semble que l'autre chose qui nous intéresse, c'est COUPABLE ou NON-COUPABLE. Le milieu de la chose, je m'en calisse. Surtout ce milieu-là. Tsé, je crois pas que le "droit de savoir" ou le "droit du public à l'information" justifie le fait qu'à tous les jours, on a des dépêches qui racontent, dans les plus horribles détails, ce qu'il s'est passé ce soir-là. Des trucs qui font frémir. Des trucs que tu lis même pas dans un Patrick Sénécal. Des trucs qui sont PG18 en maudit.

Là, les gens, ils me disent: "Ben là, La Tache, si t'aimes pas ce que les journaleux écrivent, t'as juste à pas le lire." Je pense que le débat ne se situe pas là, sur le fait que je choisisse ou non de lire. Je pense que le débat se joue sur la pertinence d'écrire, point. Il faut remettre le foutu "Droit du public à l'information" en question. Je pense qu'il y a des choses que le public, ben il a pas besoin de savoir, surtout dans des affaires scabreuses du genre. Oui, c'est public parce que la justice est publique. Mais qui dit transparence ne dit pas translucidité. À la place d'affecter un journaliste qui rapporte à tous les jours que "Guy Turcotte ne doutait pas de son orientation sexuelle", "Ses enfants se sont défendus en criant PAPA JE T'AIME", "Boire du méthanol ne tue pas.", pourquoi est-ce qu'on pourrait pas juste, tsé, prendre une chill pill, attendre la fin du procès pis si les gens veulent vraiment savoir, ils iront lire le foutu procès verbal, c'est à ça que ça sert.

Ce qui est ironique, dans tout ça, c'est que ce genre de procès aurait probablement été frappé d'une ordonnance de non-publication si le type avait été une personnalité publique. Moi je pense que les juges, pour le bien de ma santé mentale, devraient avoir le droit de frapper un procès où les détails sont un peu trop macabres d'une ordonnance de non-publication et ainsi nous éviter que deux trois hyènes médiatiques, celles qui prennent les décisions, aillent s'arracher de la viande putride qu'ils nous font bouffer à grand coup de titres détaillés, morbides et inutiles.

Oui oui, je l'ai dit. Dans ce cas précis, je crois que la chose journalistique qui entoure ce procès, ou du moins son ampleur, est tout à fait inutile. Je ne vois pas la pertinence, dans une société, d'être informé dans les détails d'un procès du genre. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir les grandes lignes, puis le coupable ou non coupable. Le reste, je m'en calisse. Et ceux qui pourraient dire que l'information sert à montrer l'efficacité de notre système ou ses rouages ou n'importe quelle bullshitte, je répondrai que, fuck, on l'a vu avec Norbourg, votre foutu système, pis y'a aucun enfant qui est mort. Choisissez vos foutus combats.

Je demande à être convaincu, mais ça va prendre beaucoup pour surmonter ma réticence.

Non, je ne vous expliquerai pas comment ce petit chinois est mort dans d'atroces souffrances, tué par quelqu'un qu'il aimait, parce que je trouve que, franchement, ça ne se fait pas.

4 commentaires:

D'Artagnan a dit…

Ça fait du bien de voir que je suis pas le seul qui pense ça! Parce que franchement, à chaque matin où j'ouvre RDI, je vois Isabelle Richer qui parle TOUT le temps de cette affaire-là! Merci La Tache!!!

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

T'as bin raison mais yen a combien qui aiment ce genre de détails ? Beaucoup. Espérons que ça cesse ce cirque par contre.

Caro a dit…

Ce texte a été écrit il y a plusieurs mois, mais même la semaine dernière on parlait encore de Guy Turcotte. Le journal de Montréal a encore étiré la sauce et en a fait la Une. Je pense qu'on a le droit de savoir, mais les médias détournent ce droit. Ils publient toute sorte d'informations non-pertinentes, comme le trop plein de détails qui entourent ce procès, et ne nous donnent pas les nouvelles qu'on DEVRAIT recevoir. Il y a beaucoup d'enjeux importants au Québec dont les médias ne parlent pas assez. Ils cultivent l'ignorance en nous gavant de faits divers. Je sais bien que U2 est un groupe populaire, mais leur spectacle à Montréal à fait la Une du journal de Montréal deux jours de suite. C'est ridicule. On a un gouvernement de lobbyistes qui pollue, gaspille notre argent (pour ne pas parler du projet de la Romaine, ou des gaz de schistes) et les médias n'en parlent presque jamais! On a pourtant le DROIT DE SAVOIR. Les médias devraient nous apporter de l'information, pas que du divertissement. Québécor contrôle 40% de l'information au Québec. Québécor a pour but se faire de l'argent, pas d'informer la société de ses enjeux important, et ce qui vend c'est le sensationnalisme, j'ai l’impression que les médias on traité l'historie que Turcotte comme une superbe télé-réalité macabre. Je pense que le Québec a un problème, mais on dirait qu'on le sait pas encore.

La Tache a dit…

@Caro: Commentaire tout à fait pertinent. C'est le monopole du fait divers. Le fait divers, c'est court, c'est punché, ça demande pas d'effort et, surtout, le lendemain c'est terminé. C'est du fast food médiatique. Ajoute un fait divers qui a l'air d'un film d'horreur et t'as une recette gagnante, du pain pour trois semaines de nouvelles trash.

J'ai la profonde impression que les
médias d'un peu partout dans le monde sont en crise, et ce procès n'est qu'un des symptômes.