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11 juillet 2011

L'ostie de procès de Guy Turcotte, part 2 (pour en finir)

COMMIS PAR LA TACHE

Le verdict est tombé la semaine dernière. Non criminellement responsable. Je ne m'attarderai pas sur le verdict. Je m'attarderai sur quelques petits trucs qui ont entouré le verdict et qui me sont tombés sur les nerfs.

1) Le phénomène twitter ou, c'est pas parce que t'as un droit de parole que tu devrais pas fermer ta yeule.


Vous savez ce qui aurait été le mieux, à faire, à dire, après la tombée du verdict? Rien. Absolument rien. Le meilleur eut été de tous fermer notre grande ostie de gueule, ensemble, collectivement, de se retirer dans un coin, de se tourner la langue sept fois dans notre bouche et ensuite de parler. Le mieux, je crois, eut été de réfléchir. Chose qui, collectivement, n'a pas été faite. C'est pas vrai qu'un drame comme ça, qu'un verdict comme celui-là, ça se commente à chaud ou à froid. Nous sommes plusieurs à critiquer les lignes ouvertes de Ron parce qu'il s'y dit n'importe quoi. La semaine dernière, nous avons eu droit à la plus grande, la plus idiote et la plus sombre des lignes ouvertes.

Bravo.

2) Le travail des jurys


Il s'est trouvé quelques personnes qui ont trouvé de bon goût de critiquer le travail des jurys, de les traiter d'idiots, ou de dire qu'ils n'ont pas fait leur travail. On se souviendra qu'il a fallu presque 200 candidats pour en trouver 12, que 104 ont demandé l'exemption et qu'ils avaient un juge expérimenté pour les guider. On notera aussi qu'ils ont entendu une trentaine de témoignage, donc trois de psychiatres, des gens avec des beaux doctorats pis ben du savoir dans leur caboche. Oui le verdict peut paraître insensé, mais la beauté de la chose c'est que si c'est vraiment très insensé, les avocats de la couronne peuvent aller en appel. Je prends la défense des 12 jurys. Je n'ai pas suivi le procès au complet. Je n'ai pas entendu l'avis des experts. Je n'ai pas entendu les conseils des juges. Je n'ai pas délibéré pendant 5 jours. Eux, oui. Je me garde donc une petite gêne, j'essaie d'être humble : ces 12 personnes n'ont aucune raison de ne pas être de bonne foi. S'ils ont erré au point de se tromper, je suis certain que les juristes et autres avocats de ce monde se lèveront. En attendant, que ça se termine au plus vite. Je connais une mère qui a besoin de faire son deuil.

3) La couverture médiatique (de marde)


Guy Turcotte est un cardiologue, un homme ordinaire qui a malheureusement commis l'irréparable. Ce n'est ni un homme publique, ni un criminel notoire. Pourquoi les médias ont-ils tiré du jus de son procès jusqu'à plus soif? Pourquoi a-t-on été arrosé de détails morbides, de gros titres qui manquaient de classe, pourquoi a-t-on connu les détails les plus sordides? Pourquoi ce qui serait définitivement PG16 dans un roman d'horreur devient-il d'intérêt général, comme ça?

Je me suis retenu longtemps, j'ai réfléchi, je n'ai pas trouvé de raison. Tout ce que j'ai à dire, pour l'instant, est la chose suivante: jusqu'à preuve du contraire, messieurs et mesdames des médias, dans toute cette affaire, vous avez été des ostie de hyènes. 


3a) La photo


Je me permets de faire une aparté. Allez sur le site de Cyberpresse. Vous pouvez y voir des articles sur Guy Turcotte. Sur certains d'entre eux, une photo de Guy Turcotte avec son fils. Ça manque d'éthique, ça n'a pas de classe, ça me dégoûte au plus au point. Pourquoi? Imaginez qu'un membre de famille X tue un membre de famille Y. Maintenant, imaginez que les journaux décident de couronner leurs articles d'une photo de votre X qui tiens votre Y dans ses bras, souriant, photo qui a été prise lors d'une journée heureuses aux glissades d'eau. Personnellement, je trouve ça indécent. J'ai demandé, moi et plusieurs personnes sur Facebook et Twitter, de retirer cette photo. Cyberpresse n'a rien fait. Je référerais à la petite phrase en gras, un peu plus haut.

C'est tout ce que j'avais à dire sur le procès de Guy Turcotte, suite et fin.



5 commentaires:

MarinGouin a dit…

T'as frappé une fibre avec le mot humilité. Je te <3

Et pour la question de la surmédiatisation, regarde le prestige et le respect accordé au métier de médecin (en soi, inconiquement) au québec. C'est vécu comme une trahison, parce que les médecins sont peu, sont précieux et gardiens d'un savoir inconnu au reste et potent.

Duck-face girl a dit…

Ce billet mérite un gros I DRINK TO THAT, ESTI.

Honnêtement.

La Fille a dit…

Oui. Trop trop trop trop de gens ont parlé.

Je crois que le seul point ouvert à discussion dans toute cette foire, c'est celui de "l'équité" de la sentence, par rapport à d'autres sentences postérieures ou ultérieures.

Finalement, merci pour le mot "hyène". Qu'il est bien choisi.

Fan a dit…

Et après on se vante d'être si différent des américains! Deux histoires sordides (googlez Casey Anthony pour le fun), deux procès semblables, deux suivis médiatiques démesurés, meme intéret indécent de la population et revolte dans les médias sociaux sur le verdict (meme kim kardashian dammit!). À quand FoxNewsPQ?

La Tache a dit…

@Tous: Je tiens à faire une mise à jour, ce billet n'invite personne à se taire, il ne fait pas non plus la promotion du silence. Il faut plutôt la promotion d'une petite gêne avant de prendre la parole, et de la modestie devant le drame.

@MarinGouin Je crois qu'il faut en effet essayer de demeurer humble, dans tout ça. Encore plus de colère ne changera rien. En ce sens, la réaction d'Isabelle Gaston est extrêmement digne, malgré sa souffrance.

@Duck-face girl: Merci! ;o)

@La Fille: Voilà. (Je sais, hyène, ça frappe)

@Fan: C'est surtout le suivi médiatique démesuré et l'intérêt indécent de la population qui m'écoeure. m'enfin, tu soulèves une perspective tout à fait intéressante.