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08 août 2011

Sam Hamad n'est pas un ministre

Commis par La Tache

Vous n'avez peut-être pas vu ce vidéo. Si vous ne l'avez pas vu, jetez-y un coup d'oeil. C'est Sam Hamad, ministre des transports, qui se fait malmener par quelques journalistes qui lui posent des questions un peu trop insistantes au goût de son attaché de presse. Regardez-le au complet, ça vaut la peine.


En gros, on peut y voir plusieurs choses.

1) Sam Hamad est malmené par les journalistes, plus particulièrement par Patrick Lagacé qui est plutôt "insistant" avec le ministre. Certaines personnes n'ont pas aimé ce comportement de la part du chroniqueur de la Presse.

a) Laissez-moi vous dire que si Sam Hamad avait été entouré d'une foule de citoyens et de gens bien ordinaires de Sorel ou de Trois-Rivières, ça aurait bardé beaucoup plus que ça. L'échange a été poli, somme toute.

2) Le ministre ne répond à aucune question. Il se trouve même drôle lorsqu'il annonce tout bonnement à Félix Séguin qu'il ne répondra pas à sa question et au sondage qu'il brandit.

a) Cette politique de ne pas commenter les sondages est merdique. Les partis politiques font vivre les maisons de sondage en organisant les leurs à chaque campagne électorale, en temps de crise, en tant de pas crise, etc. Sam Hamad ne voulait pas répondre à une question tout à fait légitime. Oh, Félix Séguin aurait pu dire: "Le monde ne vous fait pas confiance, qué pasa?", mais il avait besoin d'une source puisque c'est un journaliste crédible et que les journalistes crédibles ont des sources. Dommage. J'aurais aimé entendre la réponse de Sam Hamad. Qué pasa?

Qué pasa, Samouel? Crédits Flickr: billy_bly_ca

3) L'attaché de presse du ministre veut mettre fin au point de presse lorsque ça se corse.

a) Fuck l'attaché de presse. Le gars qui te paie, on l'a élu. Aux dernières nouvelles, ça nous donne le droit de lui poser vraiment beaucoup de questions, parce que son poste, il nous appartient. On ne parle pas de secrets diplomatiques qui pourraient mettre la vie de prisonniers de guerre en jeu. On parle de ponts qui tombent et qui mettent la nôtre en jeu. Merci de faire face à la musique.

4) "Je comprends les gens. Est-ce que c'est inquiétant? C'est inquiétant. C'est inquiétant. Les gens sont inquiets parce que c'est inquiétant. Je comprends parce que c'est inquiétant." - Sam Hamad.

a) C'est bien beau de dire que les gens sont inquiets, monsieur le ministre, et que vous comprenez. Maintenant qu'allez vous faire, à part oublier de finir votre phrase après avoir répété mille fois que c'était inquiétant? 10 minutes pour dire qu'on va attendre après un rapport? 10 minutes pour nous dire que vous ne savez pas? Récapitulons: le tunnel s'est effondré dimanche. La conférence a eu lieu mardi. UN TUNNEL S'EST EFFONDRÉ. Ça en prend pas mal moins que ça pour que mon boss me paie du temps supplémentaire quand il veut quelque chose rapido presto, et ma job, c'est d'évaluer la qualité d'appels téléphoniques.

5) Patrick Lagacé, chroniqueur pour La Presse, perturbe l'ordre des choses dans ce SCRUM, évènement habituellement réservé aux journalistes plus traditionnels.

a) Sur les réseaux sociaux, beaucoup de gens ont été indignés de l'attitude de Patrick Lagacé, avant que quelqu'un ait l'idée de tourner ça en blague avec les #PatrickLagacéFacts. Patrick Lagacé a avoué que de pousser l'attaché de presse n'était la meilleure idée du monde. Il ne lui a pas arraché la face, je pense que ça se pardonne, j'ai déjà vu des politiciens, des écrivains (genre la bataille d'Hernani) ou des journalistes faire pire.
Dans mon moi, je comprends Patrick Lagacé d'être en beau fusil. Parce que d'abord, il sait que les journalistes ont beau vouloir brasser la cage du ministre autant qu'ils peuvent, celui-ci connaît trop bien les règles et l'éthique journalistique pour savoir qu'il peut s'en sortir avec la langue de bois. Les journalistes vont pousser, mais pas trop. Ce n'est pas dans les règles de trop pousser.

D'un autre côté, il sait que le ministre ne fait que ralentir le jeu. Il va déposer les rapports au compte-goutte, ça ne fera plus l'actualité dans deux semaines et tout ça va passer inaperçu. Tout le monde aura oublié.

Autre point aggravant, le ministre en est à sa première sortie publique alors que ce qui aurait pu être un drame s'est joué 2 semaines plus tôt. Il a délégué une stagiaire (j'exagère) puis des attachés pour répondre aux questions durant deux jours.

Et finalement, on sait tous que personne ne va la lui brasser pour vrai, sa cage, au ministre. Parce qu'on n'a pas ça, des brasseux de cage, au Québec. Qu'ils soient intellectuels, artistes, écrivains, des gens qui ont une tribune pour prendre la parole et qui la prennent régulièrement, pour PRENDRE POSITION, ça ne pleut pas. Falardeau est mort, Victor Lévy-Beaulieu est hermite, etc. Ce qu'on a de plus proche d'un intellectuel qui prend position, c'est Dany Lafferière, et il est pris entre trois pays.

En tenant compte de tout ça, honnêtement, moi je le comprends Patrick Lagacé. D'accord, ça contrevient à certaines règles non écrites du journalisme. Mais au-delà du code d'éthique, je me dis que c'est bien de voir quelqu'un péter une coche à un ministre qui a l'air de s'en câââââlisser.

6) Je n'ai jamais vu quelqu'un avoir tant peur de savoir quelque chose.

a) C'est le ministre des transports, et on dirait l'homme le moins informé sur le sujet. Pire: il a peur d'avancer quelque chose.

C'est ce qui me pousse à affirmer que Sam Hamad n'est pas un ministre:

1) Il ne répond pas aux questions;
2) Il se cache avant de prendre la parole;
3) Il ne fait pas face à la musique;
4) Il ne semble pas être au fait de ses dossiers.

Selon mes recoupements et mes observations, Sam Hamad se rapproche plutôt d'une mascotte.

Flickr: Yvettemn

Oh, bien sûr, faites l'exercice avec tous les membres du cabinet Charest, vous ne trouverez que peu de candidats sérieux à une véritable fonction ministérielle, et beaucoup de prétendants au titre de mascotte.

3 commentaires:

El Caimán Divino a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
El Caimán Divino a dit…

Inspirant! Au Québec, le besoin de mitiger a fini par mitiger le Québec. Vous parlez avec justesse de nos VLB, de Falardeau...il y en a eu d'autres: je mentionne juste Vivier, Félix, Gauvreau, Hubert Aquin...et il continue d'en avoir (dont vous!). Or déjà l'inculture dévore plusieurs générations que notre mémoire se raccourcit. Malheureusement, ce besoin de mitiger s'étend aux réactions aux brassages de cage. On passe trop facilement pour fou, pour péteux de broue, pour utopiste, celui ou celle qui se lance à la conquête d'une maturité intègre dans le bien collectif. Des pantins comme Hamad ne sont que les conséquences de notre mievrérie collective...

Rachel H. a dit…

une tautologie délicieuse! j'a-do-re!!!!